Page 216 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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La mafia des généraux
démanteler les réseaux. Il incitait ses troupes à adopter les
mêmes méthodes que les terroristes en égorgeant et abat-
tant sans raison des civils. Lui était un vrai « Aussaresses
algérien ». Son successeur, Ali Tounsi, l'est tout autant.
Le cas de Samir Fezzani, jeune militant du ReD, est
un exemple tragique, panni des milliers d'autres, des
conséquences de cette politique de barbares. Samir,
farouche partisan de la démocratie et anti-intégriste
convaincu, ne se doutait pas un instant que la lutte anti·
terroriste, qu'il soutenait de tout son cœur, allait faire de
lui une victime enterrée à la sauvette.
Nous sommes en 1994. Metrant à profit le long week-
end qui coïncide avec la célébration de la fête du
1~ novembre, date du déclenchement de la guerre d'indé-
pendance, il se rend à Alger pour passer quelques jours de
vacances chez ses cousins qui habitent le quartier popu-
laire « La glacière » à Hussein Dey. Le 30 octobre, après
avoir suivi le discours du président Zeroual à la télévision,
il étend le drapeau algérien dans un coin de la chambre et
allwne quelques bougies pour commémorer l'événement.
Vers 22 heures, un peu agité, il quitte l'appartement de ses
cousins pour aller scander dans la rue quelques slogans
hostiles aux islamistes. Malgré le froid, il est habillé légè-
rement : un gilet de corps et un pantalon. Arrivé au niveau
d'une caserne de la logistique de l'année, dite « Haouch
Hadda », il est arrêlé par les militaires qui montent la
garde.
Une fois calmé, les militaires le confient à une
patrouille de police pour le raccompagner chez lui, en rai-
son du couvre-feu qui interdit tout déplacement à partir de
23 heures. Mais les « anges gardiens» de Samir lui font
prendre une tout autre destination: les geôles du commis~
sariat d'El Maqaria.