Page 214 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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La mafia des généraux
simples unités miHtaires, gardes communaux, groupes de
légitime défense, qualifiés de patriotes, comme si les
autres Algériens ne l'étaient pas, sont souvent cités dans
les cas d'exactions.
Certains ont été traduits devant la justice. D'autres
ont joui de l'impunité. Il s'est même trouvé un membre du
Conseil national de transition, une assemblée désignée par
le pouvoir, qui usait de son arme à feu pour s'ouvrir un
passage quand il trouvait la route bloquée par un bouchon.
Quoi qu'il en soit, les généraux bien protégés, dans
leurs bunkers feutrés, par des soldats et des gendarmes mal
nourris et mal logés, ne peuvent que se réjouir de ces tue-
ries de civils. Ils ont réussi à renverser la tendance. On
ne parle plus d'actions armées contre des policiers et des
militaires, symboles du régime. Fini, « le djihad pour
recouvrer un droit spolié)}. Place aux tueries sauvages et
aux descentes de bandes armées qui vont terroriser les
populations civiles. Les uns tuent « parce qu'il y a des
mouchards parmi les populations». Les autres font de
même « parce que les populations apportent leur aide aux
terroristes »). Dans les deux cas ce sont des populations
civiles innocentes qui vont payer tandis que des esprits
malveillants vont débattre de l' inutile question : «Qui tue
qui? »
L'idée des représailles ne venait pas du colonel
Bachir. Elle émanait de l'un des cercles du cabinet noir.
Elle s'est concrétisée peu avant la fm de l'année 1993 à
travers }'OJAL, une obscure organisation qui a disparu
aussi vite qu'elle est apparue, non sans commettre
quelques massacres et laisser des traces indélébiles sur le
chemin de la guerre civile.
Aujourd'hui, on ne parle plus de cette organisation
terroriste à la solde du pouvoir qui n'avait rien à voir avec
la SM. Au lendemain de la publication du premier commu-