Page 215 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
P. 215

syndicat du crime  213

niqué annonçant sa naissance et ses objectifs, qui m'a paru
bizarre, j'ai vite appelé le commandant Allili, de son vrai
nom Belaïd Ben Ali, l'un de ces brillants officiers que
comptait la SM, en qui j'avais toute confiance. Diplômé
de l'université d'Alger en Sciences politiques, après avoir
terminé ses études en post-graduation dans une grande
école de Montréal, il a occupé, malgré son jeune âge, de
hautes fonctions au niveau du cabinet du général Lakehal
Ayat. Que ce soit au sein de ce cabinet, ou à la division
d'évaluation et d'analyse, nous nous sommes toujours bien
entendus.

      Lorsque je lui demandai d'où sortait cette organisa-
tion annoncée en grande pompe à la une d'un journal gou-
vernemental arabophone du soir, El Massa, Allili me fit
part de sa surprise : «Cela doit être un coup des Bleus. »
Autrement dit, la police. On ne parle pas beaucoup d'elle.
Mais son implication dans nombre d'assassinats ct d'exac-
tions soulève l'indignation de beaucoup d'éléments
intègres de la DGSN.

      À l'époque, la police avait pour directeur général

Moharned Ouaddah, un homme assoiffé de pouvoir, prêt à
marcher sur le cadavre de sa mère pour concrétiser ses
ambitions. Les clans du pouvoir qui avaient misé sur lui

ont fmi par l'éjecter en 1995, après avoir compris qu'il

était une véritable girouette. Croyant à tort à la puissance

du général Betchine, il avait tourné le dos à ses promoteurs
pour se jeter corps et âme au service du ministre conseiller
du président Zeroual en 1994. Pour s'imposer et plaire à
ses parrains. il ne reculait devant rien. Il n'avait qu'un mot

à la bouche pour justifier l'injustifiable : « C'est la raison
d'État. »

     Jamais la police n'a connu pareille crapule à sa tête.

Il ne cherchait pas à faire de l'infiltration des groupes ter-
roristes un moyen de recueillir des renseignements pour
   210   211   212   213   214   215   216   217   218   219   220