Page 218 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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La mafia des généraux
À la morgue de Bologhine, on leur confirme sa mort
par balles. Ils réclament son corps. « Pas question, c'est un
terroriste! » Un de ses cousins a réussi à voir le cadavre.
Il est criblé de balles au niveau de l'abdomen. La famille
de Samir remue ciel et terre pour récupérer la dépouille du
garçon et prouver qu'il ne s'agit nullement d'un terroriste.
Malgré toutes les promesses des personnalités contac-
tées, il sera inhumé sous « X algérien» dans le carré
réservé aux terroristes du cimetière El Alia d'Alger.
Saisi de l'affaire par la famille de la victime, le doc-
teur Saïd Saadi fait diffuser un communiqué qui met en
garde contre les bavures. Ce ne sera pas suffisant pour
rendre la vie à Samir. Une bavure? Non! Ils sont des
milliers de Sarnir à avoir connu le même sort. Des milliers
de disparus, arrêtés, torturés et liquidés sans état d'âme par
les services de police, la gendannerie, la Sécurité militaire
et les GLD.
Sarnir n'a pas été victime d'une erreur, mais d'une
folie furieuse qui s'est emparée d'un pays où presser la
détente est presque devenu un jeu d'enfant. C'est la folie
des généraux, qui ont totalement perdu la raison. Ils sont
prêts à tuer trente millions d'Algériens pour garder le
pouvoir.
Samir, militant démocrate, n'a jamais été un terro-
riste. La presse « démocratique» a ignoré sa mort, alors
que tous les journalistes de la maison de la presse de la
place du I~ Mai d'Alger savaient qu'il n'était qu'une vic-
time innocente de plus sur la longue liste des martyrs. Paix
à ton âme, Samir.
Des amis policiers, dont je ne peux mettre en doute
l'intégrité, m'ont avoué que des dizaines de leurs collègues
avaient sombré dans la drogue, l'alcool et la folie pour
avoir participé ou assisté à des massacres et des tortures.
Ils ont joué aux bouchers jusqu'au jour où, prenant