Page 240 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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La mafia des généraux
de la capitale. Pour atténuer son mécontentement, le pou-
voir lui a généreusement accordé deux lignes de crédit
bancaire afin de monter des affaires. Politiquement, il était
complètement hors du coup. Corrune tous les citoyens, il
conunentait les événements avec simplicité, n'hésitant pas
à afficher de la sympathie pour le FIS à ses débuts, par
rancune envers ses anciens pairs.
Écœuré par le bain de sang dans lequel l'Algérie était
plongée, il n'a rien entrepris pour jouer un rôle politique.
Sachant très bien que le pays était entre les mains des
transfuges de l'armée coloniale, il ne pensait pas un instant
se voir rappeler un jour par ceux qui l'avaient évincé du
milieu militaire dans lequel il baignait depuis qu'il s'était
engagé dans les rangs des maquisards à l'âge de seize ans,
abandonnant son emploi d'ouvrier agricole chez un colon
de Khenchela. Il ne cachait pas son antipathie pour Nezzar,
Belkheir, Tewfik, Lamari, et mettait le drame de l'Algérie
sur le compte de « hizbfrança» (<< le parti de la France »).
Il sait de quoi il parle. Mohammed Lamari lui a collé aux
basques dans toutes les unités qu'il a commandées. Et c'est
sans grand étonnement qu'il le retrouve comme chef
d'état-major, nommé quelques jours avant son retour, lors-
que lui est confiée la Défense nationale. Il sera donc son
éternel adjoint. Théoriquement, Zeroual est le chef de l'ar-
mée. Mais il n'arrivera jamais à déboulonner le général
de corps d'armée Mohammed Lamari, qui est toujours en
place.
Les parrains se sont servis de son ami Betchine, qui
s'occupait du montage de son uSÎne de céramique à Oued
Seguène, à quelques encablures de son fief constantinois
pour l'influencer et lui conseiller d'accepter la proposition.
Betchine, qui voyait s'ouvrir de nouveaux horizons avec
l'arrivée de Zeroual à la tête de l'armée, m'a raconté les
détails de l'approche.