Page 244 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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La mafia des généraux
Les trois concurrents de Zeroual ont fait des études
supérieures. Ils ont chacun un programme politique qui
reflète la vision de leurs partis respectifs. Ils ont fait éta-
lage de leurs capacités intellectuelles tout au long de leurs
interventions télévisées et de leurs nombreux meetings.
Parti au maquis à l'âge de seize ans, Zeroual n'a
même pas fait d'études secondaires. Durant la campagne
électorale, il n'a pas jugé utile d'intervenir à la télévision,
laissant ce soin à ses «partisans », briefés par son directeur
de campagne occulte, le commandant Benmerabet, dit
Omar, secrétaire du général Smail. Dans ses rares mee-
tings, il s'est contenté de brasser des généralités et d'user
de la langue de bois. Les Algériens ont retenu cette phrase
qui les a beaucoup fait rire : « Les autres candidats n'ont
pas de programme. Moi seul, j'ai un programme. » Ce qui
faisait dire à beaucoup d'Algériens qu'ils étaient prêts à
parier dix ans de prison fenne par question se rapportant
à son programme, chaque fois que Zeroual serait capable
de répondre à l'une d'entre elles.
Pour donner plus de chances à son candidat, la mafia
fait fonctionner ses relais médiatiques. télévision en tête,
pour présenter Zeroual comme « L'homme du consen-
sus», le seul capable d'arrêter l'effusion de sang parce
qu'il a l'armée derrière lui.
Au soir du premier tour, les résultats donnent Zeroual
vainqueur, avec 61 % des suffrages exprimés. Un résultat
guère étonnant pour celui qui connaît bien le fonctionne-
ment du système algérien. Ce résultat je l'avais annoncé
la veille dans Le Quotidien de Paris, dont j'étais devenu
le correspondant en Algérie. En faisant l'économie d'un
second tour, la mafia avait réussi le sien : manipuler le
peuple et son président.
Un président qui ne parviendra pas à se défaire de ses
parrains, malgré les tentatives de Betchine, et notamment