Page 246 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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La mafia des généraux
appelle à l'organisation d'une élection présidentielle anti-
cipée.
Après le président démis de force et celui assassiné
en public, la mafia a encore perdu l'un de ses pantins. Son
problème, c'est qu'aucun de ses membres ne peut occuper
le devant de la scène. Elle a toujours besoin de la « légiti-
mité historique» d'un ancien maquisard. Seulement, ces
maquisards ne sont pas toujours faciles à manipuler. Cer-
tains finissent même par réagir.
Qui sera le nouveau poulain du clan? Larbi Belkheir,
officiellement à la retraite, mais cheville ouvrière de
l'ombre, leur vend une idée a priori difficile à digérer:
«Jouons la carte Bouteflika. "
Le candidat n'a pas le profil auquel le clan est habi-
tué. Il est tout le contraire d'un analphabète apolitique,
inculte et manipulable. L'ancien chef de la diplomatie
algérienne des années Boumediene a disparu de la scène
politique algérienne depuis vingt ans. Sali par une accusa-
tion de détournements de fonds dès l'avènement de Chadli,
il est allé se réfugier en Europe avant d'être accueilli par
des émirs du golfe Arabique qui l'employaient comme
conseiller.
En septembre 1989, je l'ai rencontré dans la villa
située à quelques mètres du palais présidentiel d'El Moura-
dia, qu'occupait l'opposant marocain Letkih El Basri, réfu-
gié politique en Algérie. Laissant El Basri plongé dans une
conversation passionnante sur la question palestinienne
avec Atef Aboubakr, dit Abou Farah, ex porte-parole du
groupe Abou Nidal, j'engageai de mon côté un non moins
intéressant entretien avec Bouteflika. Durant plus de deux
heures, mon interlocuteur fit le procès du régime en place.
Interrogé sur son éventuel retour aux affaires politiques. il