Page 248 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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La mafia des généraux
négociations et aux compromis. Il peut cohabiter avec la
mafia, pour peu qu'elle lui laisse les coudées franches sur
le terrain économique, par lequel il envisage de s'imposer
comme l'homme providentiel. Une ambition que n'ignore
pas le général Belkheir. Il invite ses acolytes chez lui pour
rencontrer le nouveau candidat. Néanmoins, des réticences
persistent chez certains membres du clan mafieux. Ils
jugent le pari risqué. Avec Bouteflib, il va falloir jouer
serré.
Dans la somptueuse villa de Belkheir, située dans le
quartier chic de Hydra où réside toute la nomenklatura
algérienne, le marché est conclu en ces termes: « À toi, la
gestion de l'économie et la politique internationale. À nous
les affaires ntilitaires et sécuritaires. Le pays est en état de
guerre, tu délègues tes pouvoirs de ntinistre de la Défense
et de chef suprême des forces armées au général Moham-
med Lamari, comme l'ont fait tes prédécesseurs. »
À peine le marché conclu, Bouteflika se rend chez
Mohammed Salah Yahyaoui, son ancien compagnon dans
l'équipe de Houari Boumediene, accompagné de Moham-
med Cherif Messaadia, pour lui faire part de la proposition
des décideurs et des termes de l'accord. Yabyaoui lui
donne un avis très différent de ce qu' il attendait : « S' il y
a un changement dont le pays a besoin, c'est bien au
niveau du commandement de l'année. C'est ce que
réclame le peuple. Si tu n'as aucun pouvoir sur l'armée
mieux vaut refuser leur proposition. » Bouteflika lui rap-
pelle qu'il s'est déjà engagé avec eux et demande à
Yahyaoui d'apporter son soutien à sa campagne électorale.
« Niel », dit l'ancien membre du Conseil de la révolution.
De son côté, Messaadia, toujours de mèche avec le
clan mafieux, où il compte en Abdelmalek Guenaïzia un
parrain solide, encourage Bouteflika à s'engager à fond. Il