Page 167 - Des ailes pour le Brésil
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À l’entrée de la propriété, une rangée de palmiers est toujours
                  présente et aurai besoin d’un important défrichement. J’ai appris

                  dernièrement, avec émotion, qu’actuellement elle mourrait de faim
                  et qu’elle avait énormément grossi - alcool et autres « drogues ».

                   Sa malheureuse situation avait été probablement provoquée d’après
                  certains murmures par l’abandon de son ami « étayeur » d’arbres à

                  New York.
                   Cela est triste, car la chacará est certainement à l’abandon !
                         Nous  avons  souvent  pensé  en  apprenant  les  mésaventures

                  successives des précédents propriétaires que cet endroit était frappé

                  par des maléfices.
                         Certes,  après  dix-sept  ans  dans  cet  endroit,  ce  fut  une
                  séparation douloureuse, mais voyons le côté positif : combien avons-

                  nous acquis de connaissances et d’expériences enrichissantes, qui
                  nous ont transformés.

                   Actuellement,  Éliane  et  moi,  évoquons  de  moins  en  moins  les
                  moments heureux que nous avons passés dans cet endroit chargé

                  d’émotions,  de  souvenirs  et  de  nostalgie  qui  nous  rappellent  à
                  l’ordre de temps à autre.

                   Nous  avons  partagé  des  moments  inoubliables,  couchés  dans  le
                  hamac dans la véranda, quand la fraîcheur de la nuit et les lueurs de

                  la lune vous envahissent - nous chantions d’une voix haute et limpide
                  la  romance  de  Nadir  des  « Pêcheurs  de  perles »  de  Georges

                  Bizet : « Je crois entendre encore, caché sous les palmiers sa voix
                  tendre  et  sonore,  comme  un  chant  de  ramier.  « O  nuit
                  enchanteresse ! » Ces paroles, si bien adaptées à ce cadre tropical,

                  nous transportaient sur des vagues de bonheur.
                  Ces instants de sublime beauté compensaient les désagréments du

                  quotidien.
                       Ce qui m’a toujours impressionné chez Éliane, c’est sa mémoire

                  auditive, elle chantonne sans aucune difficulté, aussi bien des arias
                  de musique classique que le dernier tube populaire. La musique

                  dans notre cambrousse était un important compagnon de vie.
                      Encore  aujourd’hui,  quand  nous  apercevons  un  chien

                  dobermann,  surtout  de  couleur  noire,  nous  ressentons  un  petit
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