Page 97 - Des ailes pour le Brésil
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était particulièrement intimidant et peu loquace, j’étais mal à l’aise
                  devant cette icône internationale. La vue des gondoles sur la grande

                  lagune quand Venise se réveille, le dôme du palais des Doges dans
                  cette  demi-lueur  cendrée  qui  annonce  l’arrivée  du  soleil  est  une

                  véritable merveille.
                         J’aurais voulu faire un voyage en amoureux dans cette ville,

                  avoir du temps pour flâner, pour la découvrir et assouvir mon besoin
                  de liberté, sans devoir rendre de compte à personne.
                   C’était  frustrant  de  me  résigner  de  quitter  Venise  pour  être  le

                  lendemain au bureau.

                      Pour  le  retour,  j’avais  décidé  d’essayer  le  mythique  train,  le
                  Simplon Orient Express, de Venise à Paris, où le réel et l’imaginaire
                  se côtoient et se contredisent.

                  En fin d’après-midi, je me retrouvais tout seul, dans une luxueuse
                  voiture-lit single.

                       Ce légendaire et romantique train créé en 1883, évoquait à cette
                  époque le rythme du monde moderne, l'art de vivre, l’art de voyager,

                  le charme suranné des longs voyages vers Constantinople.
                      Mon  imaginaire  m’avait  plongé  dans  les  années  folles,  dans

                  l’atmosphère du roman d’Agatha Christie et du film de James Bond,
                  ce  qui  était  fort  agréable.  Puis,  dans  ce  cadre  merveilleux,  un

                  excellent dîner fut servi.
                      Après le repas, je me dirigeai vers le bar enfumé, où la réalité se

                  révéla tout autre.
                      Une faune humaine bigarrée me fit sortir de ma torpeur rêveuse,
                  pour  me  plonger  dans  une  triste  réalité,  celle  d’un  groupe

                  d’Américains du Texas, totalement ivre qui s’exprimait bruyamment
                  avec ce timbre de voix nasillarde, si désagréable.
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