Page 101 - Des ailes pour le Brésil
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construit une série de paillotes en bord de plage. C’est à cet endroit
que j’ai eu la révélation de ce que pourrait être le paradis.
Dans une eau claire et douce, nous pouvions nous baigner,
entourés de femmes de toutes les teintes, du noir au bistre - alors
que celle du propriétaire était blonde.
Pour déguster de sublimes langoustes, il suffisait de plonger la
main à quelques mètres sous l’eau et ensuite les faire griller sur la
plage, accompagnées d’une sauce puissante et trompeuse, la « tite
malice », comme on dit à la Martinique.
Je sais à quel point Haïti a sombré dans les horreurs de la
dictature, et les régimes qui se sont succédé, sans compter les
catastrophes naturelles. À l’époque, ce coin inconnu des touristes
était unique et totalement isolé.
D’Haïti, j’ai gardé la profonde image de la misère, qui encore
actuellement a du mal à s’effacer. Mais où sont aujourd’hui les vrais
peintres naïfs ? La vraie musique haïtienne ? Est-ce que tout a
disparu dans les décombres, la mort et la poussière ? En y pensant,
je ressens de la tristesse !
C’est à Cap-Haïtien que les meilleures photos de nous deux ont
été prises : Bernard et moi à dos de mulet, sur le sentier escarpé de
la forteresse du Roi Christophe - Don Quichotte et Sancho Pança !
Bernard à ma droite avec un triomphant bout de cigare.
Citadelle-Laferrière Patrick et Bernard avec un cigar.
Cette forteresse à 900 mètres d’altitude fut construite contre un
éventuel retour des Français sous le règne de Napoléon !
La croisière fut annulée pour des raisons politiques, ce fut une
grande déception après cet important travail de préparation et de
créativité.