Page 104 - Des ailes pour le Brésil
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Peu de temps après avoir quitté la puritaine American Express,
je lus dans un journal que son nouveau président en France, au nom
à consonance sud-américaine, avait été arrêté pour trafic de drogue
à Roissy.
Je m’en souviens très bien, j’étais dans un avion pour la
préparation d’un congrès en Corée, en 1989.
Mes premières impressions sur American Express s’étaient
confirmées !
En novembre 1985, époque de mon intégration chez American
Express, au retour d'un voyage du Sénégal, je fus hospitalisé pendant
deux mois à l'hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris, au service de
parasitologie du professeur Gentilini, pour une virose qui ne fut
jamais identifiée.
Pendant deux jours, je fus mis en quarantaine sous une tente en
plastique opaque.
Le soir, j'avais de très fortes fièvres qui disparurent lentement, et
progressivement avec le temps, sans aucune explication. À ce jour,
le virus n'est jamais réapparu.
Cela m’a permis, pendant ce long séjour, de lire une ribambelle
de livres, je n'ai jamais autant lu que dans ce lieu sinistre et j’ai reçu
aussi une grande quantité de douloureuses piqûres journalières de
pénicilline !
Vers les cinq heures de l’après-midi, une plantureuse et
souriante infirmière antillaise, dont la démarche pesante résonnait
dans le silence des couloirs cirés - m’exécutait à l’aide d’une énorme
seringue avec un sourire narquois. Ce calvaire dura un bon mois.
J’ai pleuré plusieurs fois, et j’ai mal encore en y pensant, le
liquide, vous brûlez à l’intérieur.
Le plus insupportable était l’attente du douloureux sacrifice.
À la fin de mon séjour, le matin, je portais mon sang au
laboratoire de l’hôpital tout proche.
Cela me rappelle la disparition, plus tard, d’une bonne amie
laborantine qui exerçait chez Pasteur.
Elle contracta une infection virale et en mourut d’une façon
fulgurante.