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Commentaires des décisions du CRD de l’ARMP

               marchés publics dans le sens où la manœuvre ne doit en rien empêcher une large
               concurrence pour révéler le meilleur rapport qualité/prix.


               En cela, l’article 2 de la loi n°2009-013 du 30 juin 2009 relative aux marchés publics
               et délégations de service public affirme bien que « les règles de passation des
               marchés  reposent  sur  les  principes  de  concurrence,  de  liberté  d'accès  à  la
               commande  publique,  d'égalité  de  traitement  des  candidats,  d'économie  et
               d'efficacité du processus d'acquisition et de transparence des procédures. Ces
               principes s'appliquent à tous les achats publics quels que soient leurs montants
               et sources de financement dès lors qu'ils sont inscrits au budget de l'Etat ou dans
               les budgets des autres entités visées à l'article 3 ci-dessous, sous réserve des cas
               d'urgence prévus par la présente loi ».
               Concrètement, les critères de choix doivent être non discriminatoires et liés à
               l’objet du marché. L’article 51 I. de l’Ordonnance 2015-899 du 23 juillet 2015
               relative aux marchés publics en droit français précise à titre comparatif que « les
               acheteurs ne peuvent imposer aux candidats que des conditions de participation
               à la procédure de passation propres à garantir qu'ils disposent de l'aptitude à
               exercer l'activité professionnelle, de la capacité économique et financière ou des
               capacités techniques et professionnelles nécessaires à l'exécution du marché
               public. Ces conditions sont liées et proportionnées à l'objet du marché public ou
               à ses conditions d'exécution… ».

               2- Le contrôle exercé par le juge pour écarter les critères discriminatoires


               L’argumentaire du CRD (décision n° 004-2012/ARMP/CRD du 15 février 2012)
               portant sur les faits de l’espèce permet de situer la marge de liberté dont dispose
               l’autorité contractante au regard du respect des principes d’égalité de traitement
               et de liberté d’accès à la commande publique. S’il est constant que les éléments
               de candidature doivent être non discriminatoires et adéquats avec l’objet du
               marché, le CRD en évalue la pertinence pour juger de sa régularité.
               En l’espèce, l’autorité contractante décide de ne faire appel qu’aux fabricants
               d’engrais  complexes  »  pour  répondre  aux  besoins  des  paysans  en  intrants
               agricoles pour la campagne 2012-2013.  Au vu des explications du Ministère de
               l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche, autorité contractante, ce critère tient
               d’une part, à l’urgence dérivant du fait que l’acquisition doit se faire dans les
               meilleurs délais et d’autre part, vise à conjuguer les difficultés éprouvées par les
               derniers attributaires à assumer leurs obligations contractuelles. L’organe chargé
               du contentieux des marchés publics trouve « que cette option qui se justifie non
               seulement  au  regard  de  la  sécurité  alimentaire  et  de  la  nécessité  de  rendre
               disponibles  les  stocks  d’intrants  pour  toute  la  campagne  agricole,  constitue
               néanmoins une entrave à la liberté d’accès à la commande publique ».
               Le critère est discriminatoire car il écarte les autres fabricants d’engrais sans que
               cette restriction ne présente un lien avec l’objet du marché. On peut considérer
               que le CRD refuse de faire un lien entre la sécurisation des approvisionnements

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