Page 61 - Correspondance coloniale
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Vous avez violé ma terre mère et complètement ravagé son
intérieur.
Que de siècle lui faudra-t-il ensuite pour à nouveau engendrer
une descendance vaillante.
Vous l’avez violée et vous avez ensuite déclaré qu’elle en avait
joui, qu’elle était consentante, qu’elle vous avait séduit.
Elle était belle, sein libre, sublimée, majestueuse.
Et vous l’avez bafouée, traduisant son naturel pour une
invitation à la détruire.
Vous l’avez violée puis vous m’avez tiré de ses entrailles.
Vous m’avez alors confié à une autre déesse, violée, saccagée.
De celle-là vous avez voulu faire vôtre. Elle est devenue votre
maîtresse. Vous m’avez laissé là. J’ai appris à la connaître, à
l’aimer, comme une mère adoptive.
Elle a accepté de vous appartenir, résignée sous la contrainte.
Elle a tenté de résister un temps, puis a succombé. Elle a fui dans
les tréfonds de son esprit. Elle a tourné le dos pour se cacher le
visage et tel un pédophile vous avez cru qu’elle vous offrait ses
hanches. Vous avez chuchoté des mots doux à son oreille. Vous
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