Page 10 - LOGEMENT SOCIAL ET SANTE MENTALE : LIMITES JURIDIQUES ET PERSPECTIVES
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trois principaux bailleurs sociaux , de la Martinique, disposaient de 30 900 logements. Ils
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géraient 83 430 habitants. Ainsi, plus de 23 000 personnes seraient potentiellement
confrontées à un trouble mental dans le parc social.
Habituellement, les troubles mentaux se répartissent en trois catégories. Les troubles
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psychosociaux peuvent, éventuellement, conduire à des névroses . Le sujet est, alors,
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conscient de la souffrance dont il se plaint. Les psychoses se caractérisent par le fait que le
sujet n'est pas conscient de l'altération de sa perception ou de son jugement. Par ailleurs, il ne
sait pas qu’il est malade ce qui le fait s'opposer à une prise en charge thérapeutique. Ce sont les
psychoses qui inquiètent les bailleurs sociaux en raison des retentissements sur le groupe
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immobilier. En effet, les voisins peuvent subir des nuisances sonores et olfactives . En outre,
le bailleur social enregistre des répercussions sur l’état du logement qui se dégrade, sur
l’hygiène de la résidence (cafards, rats etc.) et sur la sécurité des habitants (cf. extrait d’un
article de presse annexe 2 p. 61 et photos des logements dégradés, annexe 3 p. 62).
Par ailleurs, les bailleurs sociaux doivent gérer une pluralité de situations liée à l’isolement et
au comportement atypique de ces locataires. Le public est hétérogène. Il rencontre des
difficultés pour comprendre, pour faire les démarches ou pour maintenir les efforts sur le long
terme. Enfin, l’absence de référent familial, l’éreintement des aidants et l’abandon de la cellule
familiale complexifient le traitement de ces dossiers et conduisent, parfois, à l’épuisement de
certains salariés.
De plus, « dans les DOM, le niveau de ressources des ménages qui habitent dans les logements
sociaux gérés par les HLM et les SEM est inférieur à celui constaté en France métropolitaine.
49,7 % ont un niveau de ressources inférieur à 20 % du plafond PLUS, soit presque deux fois
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et demie plus qu’en France métropolitaine » . Et, de manière plus générale, les situations
d’exclusion sont plus prégnantes en Martinique qu’en métropole. Par exemple, en 2015,
12 Société Immobilière de la Martinique (SIMAR), Société Martiniquaise d’Habitation à Loyer Modéré (SMHLM),
Société Anonyme d’Habitation à Loyer Modéré OZANAM (SAHLM D’OZANAM).
13 30 900 logements en Martinique multiplié par la taille moyenne des ménages dans les DOM soit 2.7 personnes,
er
sources : SOeS, RPLS au 1 janvier 2016, p. 2 et enquête OPS, DGALN-CRESGE, 2012, Paris, p. 130
14 Exemples de troubles psychosociaux : Isolement, difficulté ou exclusion professionnelle, problèmes
économiques et sociaux etc.
15 Exemples de névrose : angoisses, phobies, troubles obsessionnels compulsifs, dépression, paranoïa etc.
16 Exemples de psychose : schizophrénie, bipolarité, syndrome de Diogène, troubles délirants, hallucinations,
démence etc.
17 Les nuisances sonores sont multiples : disputes à répétition, insultes, cris, musique trop forte etc.
18 Les nuisances olfactives concernent les détritus entassés dans le logement, les déchets ramenés de l’extérieur, la
projection de produits (type ALCALI) pour les rites magico-religieux assimilés à de la sorcellerie.
19 Ministère du Logement et de l’Egalité des Territoires, Rapport national sur la situation du logement en France,
l’occupation du parc social en 2012 et son évolution, Tome 1, 2012, Paris, p.169
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