Page 11 - LOGEMENT SOCIAL ET SANTE MENTALE : LIMITES JURIDIQUES ET PERSPECTIVES
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le taux de chômage était de 19 % en Martinique tandis qu’il était de 10 % en métropole .
Selon les données sur les revenus fiscaux de 2011 de l’Institut de la Statistique et des Études
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Économiques, à la Martinique, le revenu fiscal médian atteint 1 100 euros, nettement moins
que pour les territoires de métropole où le revenu médian, le plus bas est de 1 270 euros à Seine-
Saint-Denis. Par conséquent, les plus pauvres de la Martinique sont loin d’avoir
les niveaux de vie des plus pauvres de la métropole. Les locataires du parc social sont
également concernés par ces difficultés socio-économiques. Or, une longue période de précarité
peut conduire à des « troubles mentaux caractérisés. Un lien de causalité est alors
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identifiable » et nécessite une mise en cohérence les politiques de santé mentale et d’inclusion
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sociale notamment par le logement . Cette orientation est d’autant plus forte lorsqu’il s’agit de
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personnes âgées . En effet, la SAHLM d’OZANAM constate que « 50 % des locataires ont
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plus de 50 ans et certains ont besoin de soins psychiques en raison des démences » .
Les troubles mentaux des locataires concernent autant les bailleurs sociaux de la métropole que
ceux des départements d’outre-mer. Toutefois, elle dénote une acuité plus forte en
Martinique, en raison du contexte socio-économique et de l’organisation psychiatrique
qui impacte la gestion des bailleurs sociaux. Outre le respect des dispositions réglementaires
nationales, les bailleurs sociaux vont, également, au-delà de la gestion contractuelle pour
trouver des solutions innovantes. Les réponses apportées sont variables d’un bailleur social à
l’autre. Les caractéristiques communes reposent sur la volonté des dirigeants. Ces derniers
développent des projets inédits puis ils osent impulser les partenaires médico-sociaux. « C’est
sur le terrain, que les législations et les différents professionnels du logement social et de la
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santé mentale se croisent » . Dans ce contexte, les bailleurs sociaux définissent les stratégies
relatives à l’accès dans le logement social des demandeurs atteints d’un trouble mental (partie
1). Puis, ils déterminent les conditions liées au maintien dans les lieux de ces locataires (partie
2).
20 Institut d’Émission d’Outre-Mer, rapport 2015 sur la Martinique, édition 2016, 180 pages
21 Revenu médian : la moitié de la population a un revenu inférieur, l’autre moitié à un revenu supérieur.
22 P. Jean-Parquet, Souffrance psychique et exclusion sociale, rapport remis au secrétaire d’Etat à la lutte contre la
précarité et l’exclusion auprès du Ministre des Affaires Sociales, du Travail et de la Solidarité, septembre 2003,
p.26, 59 pages
23 IGAS, François CHEREQUE et Simon VANACKERE, Évaluation de la première année de mise en œuvre du
plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale – janvier 2014, 255 pages
24 https://www.insee.fr/fr/statistiques/2128984. Actuellement, près d’une personne sur quatre a plus de 60 ans en
Martinique. En 2030, près de 40 % de la population en Martinique sera âgée de plus de 60 ans contre 30 % en
métropole.
25 Propos recueillis auprès d’Isabelle Louison, responsable de la gestion locative à la SAHLM D’OZANAM
26 Propos recueillis auprès de Louis Valère MARIELE de l’Association des Organismes HLM de la Région Ile-
de-France (AORIF).
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