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Pigastel, Les Abattoirs Bretons -14 Juin – 11H21



           L’information vola de bouches en oreilles à une vitesse stupéfiante. Au bout
        de  dix  minutes  à  peine  tout  l’atelier  de  découpe,  pourtant  vaste,  était  au
        courant  du  discours  du  Ministre  de  la  Santé.  Non  seulement  on  tuait  des
        français par milliers avec cette ricine dont tous les médias parlaient presque
        sans interruption mais en plus les musulmans étaient quant à eux épargnés par
        les terroristes. La colère grondait et elle ne manqua pas d’éclater, sans limite,
        sans entrave.
        -  Ces  putains  de  bougnoules  nous  assassinent  impunément !  Vociféra  une
        femme dont le mari avait été hospitalisé quelques heures plus tôt.
        - Oui, tu as raison, répliqua un de ses collègues de la chaîne de production, ils
        veulent tous nous tuer !
           Le  responsable  de  l’atelier  tenta  d’intervenir  afin  d’apaiser  la  haine  qui
        s’expulsait à flots bileux mais il fut rapidement bousculé, injurié.
        - T’as pas encore compris sombre connard qu’à cause de ces enculés c’est
        peut-être toi demain qui va te retrouver au fond d’un trou avec une belle caisse
        en bois autour de ton cadavre !
           L’homme  ne  chercha  pas  à  répliquer  tant  l’animosité  était  clairement
        palpable à son égard. Il ne voulait pas constituer l’exutoire de cette violence
        qui n’était pour l’instant que verbale bien qu’on devinât qu’à tout moment elle
        puisse rapidement dégénérer en agression physique.
        -  Perso,  j’ai  pas  entendu  le  discours  du  Ministre  mais  ma  femme  vient  de
        m’envoyer un SMS pour me dire que les terroristes utilisaient des seringues
        pour piquer la viande avec leur saloperie de poison, intervint un ouvrier au
        milieu de la masse compacte de ses collègues qui s’était naturellement formée
        autour du responsable de l’atelier.
        -  On  n’en  a  rien  à  foutre qu’ils  utilisent  des  seringues ou  des  pics  à  glace,
        répondirent plusieurs d’entre eux.
        - Ben si, reprit-il posément. Qui nous dit que parmi nous ne se trouve pas l’un
        de ces terroristes ? Ils peuvent être partout et passer totalement inaperçus.
           Le doute plana quelques secondes dans les esprits.

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