Page 111 - ANGOISSE
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- Vous tracassez pas la tête avec ça, indiqua un gros balèze. Vous allez voir,
        c’est facile.
           Il entra dans le vestiaire hommes en prenant soin d’être bien visible par un
        maximum de ses collègues. C’est-à-dire tout au plus six ou sept, compte tenu
        de  l’étroitesse  de  la  porte  d’entrée  du  local.  Celui-ci  s’empara  de  deux
        tabourets, le premier dont il plaça l’un des pieds dans la boucle d’un cadenas
        pris au hasard et le second dont il se servit comme d’une masse en assénant
        aussitôt un coup puissant et précis sur l’assise du premier. Le choc résonna
        dans la pièce ainsi que le tintement métallique du cadenas chutant sur le sol.
        - Et voilà, indiqua-t-il avec une fierté non dissimulée.
        - Bravo Loïc, le félicita le chef du groupe. Comme y’en a pas deux comme toi
        pour faire des trucs pareils, je pense que ce serait bien que tu continues avec
        les autres.
           Ce dont il ne se fit pas prier une seconde fois.
           Rapidement la pièce ressembla à la salle des coffres d’une agence bancaire
        après le passage de cambrioleurs. Tous pendant ce temps rongeaient leur frein
        en attendant l’ordre de pouvoir entrer. L’impatience se lisait sur les visages
        ainsi  que  le  fait  que  toute  conscience  semblait  annihilée  de  leurs  esprits.
        Lorsque le chef donna le signal d’entrer, ce fut une véritable ruée de la meute
        tout entière. Chacun voulait fouiller et les consignes données de fonctionner
        par  groupes  de  deux  déjà  oubliées.  Le  responsable  de  l’atelier  qui  s’était
        finalement décidé à les rejoindre resta abasourdi en se tenant devant la porte
        d’entrée. Certains, hommes ou femmes, étaient littéralement transfigurés au
        point où  il  éprouva  quelques  difficultés  à  les  reconnaître.  Les  fauves  étant
        lâchés il était inutile et surtout dangereux pour lui-même de faire cesser le
        carnage  aussi  jugea-t-il  plus  sage  de  s’en  abstenir  même  s’il  savait
        parfaitement  qu’il  devrait  sans  doute  plus  tard  rendre  des  comptes  à  son
        employeur.  Ce  dernier  l’espérait-il,  serait  peut-être  indulgent  à  son  égard
        compte tenu du contexte ambiant.
        - J’ai trouvé, j’ai trouvé !!
           La voix tonitruante s’était élevée au milieu de la mêlée en provoquant le
        silence.  Le  chef  de  groupe  s’approcha  de  celui  qui  venait  de  réaliser  cette
        découverte.
        - Montre.

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