Page 119 - ANGOISSE
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- Petite précision tout de même de sa part, poursuivit-il. Il m’a affirmé qu’à
l’issue de la crise il comptait rendre le pouvoir au peuple.
- On sait généralement ce que donnent ce genre de belles promesses. Et le
Président ?
- Pour faire court et simple. Il est actuellement séquestré dans le bunker de
l’Elysée.
- Tout cela signifie par conséquent qu’il dispose désormais de pratiquement
toutes les cartes et que la probabilité qu’il parvienne jusqu’à son but est forte,
voire inévitable. T’a-t-il parlé des méthodes qu’il comptait employer pour
« sauver » la France ?
- Non mais je pense qu’il ne faut pas être grand devin pour imaginer que
l’armée est déjà mobilisée sous ses ordres directs et que dès qu’il en lancera
le signal il sera procédé à de très nombreuses éliminations pour le moins
radicales. De tous ceux qui sont répertoriés dans nos fichiers comme étant
islamistes radicaux mais sans doute également de non moins nombreux
musulmans pratiquants soupçonnés ou dénoncés comme tels ainsi, à mon
humble avis, que toutes les personnes qui voudront se dresser sur son passage.
Nous deux y compris.
- Tu es donc en train de m’expliquer que la République vit actuellement ses
dernières heures ?
- J’en ai bien peur. Ce ne serait malheureusement pas la première fois dans
l’histoire qu’un régime militaire dictatorial supplanterait un régime
démocratique. Et nous savons toi et moi par quoi et comment cela se termine
généralement.
Le Ministre de l’Intérieur fit une pause quelques instants pour analyser ce
qu’il venait d’apprendre. Tout s’enchaînait depuis quarante huit heures à une
vitesse vertigineuse et il ne savait plus véritablement que penser et surtout
comment réagir. Une idée toutefois se fit jour petit à petit dans son esprit. Une
toute petite lumière au milieu de l’obscurité.
- Pourquoi m’as-tu dit tout cela ?
- Je pensais que c’était pourtant évident. Parce que nous sommes partenaires
et que si une solution existe pour mettre fin à toute cette folie, j’ai le sentiment
que celle-ci ne peut provenir que de nous deux.
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