Page 121 - ANGOISSE
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En France – La nuit du 14 au 15 Juin.


           La  mosquée  avait  été  prudemment  fermée  beaucoup  plus  tôt  qu’à
        l’accoutumée sur l’ordre de l’imam. Ce dernier, dans le contexte de cette crise
        d’une ampleur qu’il n’avait pas imaginé, avait invité les fidèles à rester chez
        eux  afin  d’éviter  tout  acte  susceptible  d’être  interprété  comme  de  la
        provocation. Il s’était déjà produit quelques altercations en fin d’après-midi
        dans plusieurs quartiers aussi avait-il estimé qu’il était sage de prendre cette
        décision. Certains, les plus jeunes en particulier, avaient fait savoir qu’ils ne
        partageaient pas ce point de vue et qu’ils n’avaient pas à se plier aux ordres de
        ceux  qu’ils  qualifiant  volontiers  de  mécréants  afin  de  pouvoir  pratiquer  la
        religion du Dieu unique. Fort de son autorité, l’imam était allé les trouver dans
        le but de les apaiser. Au besoin, en prenant tout le temps nécessaire pour leur
        parler. La dizaine de jeunes l’entoura comme ils en avaient pris l’habitude avec
        le  vieil  homme  chaque  fois  qu’ils  avaient  besoin  qu’il  leur  commente  une
        sourate  du  coran.  Pour  une  fois  c’est  lui  qui  commença  par  poser  des
        questions.
        - Que pensez-vous de ce qui se produit en ce moment ?
           Aucun n’osant prendre la parole, il s’adressa à l’un d’entre eux qui était, il
        le savait parfaitement, le meneur de la petite bande.
        - Toi Akim, quel est donc ton avis sur la question ?
           Celui-ci hésita. Puis voyant que tous les autres le regardaient et qu’il risquait
        de perdre toute crédibilité s’il n’intervenait pas, il se lança.
        - Je pense que nos frères ont été intelligents. Utiliser un poison que seuls les
        mécréants pourraient consommer est la preuve d’une très grande intelligence.
        - Il serait donc intelligent pour toi de tuer des êtres humains ? Des hommes,
        des femmes mais aussi des enfants.
        - Ils ne méritent pas de vivre s’ils n’ont pas la foi en Allah.
        - Bon, lâcha l’imam qui ne souhaitait pas élever le ton, je présume que dans le
        lycée où tu vas ou dans le quartier où tu te trouves tu n’as pas que des copains
        qui soient musulmans. Je me trompe ?
           Akim comprit aussitôt dans quel sens l’imam voulait orienter le débat. Il
        mentit.

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