Page 122 - ANGOISSE

- Je n’ai comme copains que ceux qui partagent la même foi que moi !
- Tu es vraiment sûr de ce que tu affirmes avec tant de véhémence ?
- Oui bien sûr.
- Tu sembles oublier que je vous connais tous ici autour de moi depuis votre
naissance et avant vous la plupart de vos pères. Souhaites-tu vraiment que tes
copains Patrick, Clément ou même Christopher que tu fréquentes tous les
jours, y compris pour faire quelques conneries ensemble, meurent parce qu’ils
ne partagent pas la même religion que toi ?
- Non, bredouilla-t-il face au regard insistant de l’imam.
- Bien. Alors dans ce cas pourquoi souhaiter la mort de milliers d’innocents
comme tes trois copains que je t’ai cité ? Cela n’a pas de sens et ce n’est pas
conforme au message de paix délivré par notre prophète.
- Et maintenant pourrais-je connaître ton opinion vis-à-vis de ceux qui ont
commis ces empoisonnements et du sort qui leur est réservé puisqu’ils seront
bien évidemment traqués par toutes les forces de police.
- De quel sort parlez-vous ?
- Crois-tu vraiment que compte tenu de l’ampleur du nombre de victimes,
certaines arrestations ne risquent pas de se terminer dans le sang de ceux que
tu appelles tes frères ? Qui préféreront se donner la mort plutôt que d’être
interpellés.
- Oui bien sûr mais ils seront alors devenus des martyrs !
- Je m’attendais à une telle réponse de ta part aussi souhaiterais-je te rappeler
la sourate du Coran [4, 29-30] qu’en parfait musulman tu dois nécessairement
connaître par cœur.
L’imam pointa alors ostensiblement son regard dans les yeux d’Akim, lequel
baissa rapidement la tête en se sachant pris en défaut.
- Je vais donc te rafraîchir la mémoire ainsi qu’à vous tous ici. Voilà donc ce
qu’exprime cette fameuse sourate : « Et ne vous tuez pas vous-mêmes. Allah,
en vérité, est Miséricordieux envers vous. Et quiconque commet cela, par excès
et par iniquité, Nous le jetterons au Feu, voilà qui est facile pour Allah ».
Le groupe de jeunes hommes demeura interrogatif à l’écoute de cette
sourate.
- Bien. Je vais donc devoir procéder à une explication de texte. La même
d’ailleurs que celle reprise par de nombreux juristes musulmans. Quelqu’un

122