Page 126 - ANGOISSE
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sens  sans  qu’il  ne  parvienne  à  trouver  le  commencement  du  début  d’une
        solution. Le Directeur avait bien imaginé un instant qu’approchant de l’été il
        serait peut-être possible d’allonger au moins une partie de ces patients sur la
        pelouse autour du Centre Hospitalier avant de se rappeler avoir entendu que
        la France allait connaître, selon les météorologistes, durant plusieurs jours le
        pire épisode de canicule qu’elle ait jamais connue.
        - Putain de merde ! Eructa-t-il. Comment peut-il donc se faire qu’autant de
        choses se liguent en même temps contre nous !
           Il ne put s’empêcher de penser à la fameuse Loi de Murphy mieux connue
        sous le nom de loi de l’emmerdement maximum. Il n’était par conséquent pas
        encore  au  bout  de  ses  craintes  les  plus  absolues.  Celles-ci  se  vérifièrent
        beaucoup plus rapidement qu’il ne l’avait redouté en voyant à la porte de son
        bureau  le  pharmacien  de  l’hôpital  en  charge  de  la  réalisation  de  certaines
        préparations médicamenteuses ainsi que de la gestion des stocks.
        - Vous êtes là depuis longtemps ?
        - Près de cinq minutes. La porte de votre bureau était entrouverte et comme
        j’ai entendu du bruit je me suis permis d’entrer.
           Le pharmacien eut la pudeur de ne pas évoquer les insultes et autres jurons
        plus grossiers les uns que les autres entendus de la bouche de son Directeur.
        -  Je  présume  que vous  n’êtes  pas venu  jusqu’ici  pour  une  simple visite  de
        courtoisie ?
        -  En  effet.  J’aurais  largement  préféré  que  ce  soit  le  cas  car  j’imagine
        parfaitement  que  vous  êtes  débordé  par  la  folie  qui  s’abat  sur  nous  en
        première ligne.
        -  Si  je  comprends  bien  la  teneur  de  vos  propos  liminaires  vous  n’allez  pas
        m’annoncer une bonne nouvelle.
        - Nos stocks sont pratiquement réduits à néant, lâcha-t-il abruptement sans
        masquer sa propre inquiétude.
        - Combien de temps pouvons-nous encore tenir ?
        - C’est variable selon la nature des produits ou des fournitures concernés mais
        disons, si le flux actuel se poursuit au même rythme, entre une heure et quatre
        heures maximum.
           Le Directeur ne lui posa pas la question de savoir quelles démarches il avait
        entrepris  pour  tenter  de  reconstituer  les  fameux  stocks.  Il  connaissait

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