Page 131 - ANGOISSE
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Paris, Ministère de l’intérieur -15 Juin – 09H34
- Je vous remercie Monsieur le Ministre d’avoir bien voulu nous recevoir aussi
rapidement.
Ce dernier avait les traits particulièrement tirés bien qu’il ait pu au cours de
la nuit accomplir trois ou quatre siestes, il ne gardait aucune trace du
décompte précis, lui ayant permis à chaque fois de récupérer tout au plus une
trentaine de minutes de sommeil. Le déficit enregistré étant compensé pour
partie par un nombre incalculable de cafés plus serrés les uns que les autres et
surtout une tension nerveuse en relation directe avec les derniers
événements. Il fit un effort considérable pour se concentrer.
- C’est bien normal et je m’attendais à votre visite.
- Vous-vous doutez par conséquent quelle en est la teneur ?
- Vous allez me parler des quarante trois mosquées qui ont brûlé la nuit
dernière sur l’ensemble de notre territoire. Mais également de la centaine
d’assassinats dont les membres de la communauté islamique ont été les
victimes et ce sans compter le millier de blessés à des degrés divers dont la
plupart ont été hospitalisés. C’est bien de cela dont vous êtes venu me parler
en tant que représentant élu du Conseil Français du Culte Musulman ?
- Permettez-moi de vous dire Monsieur le Ministre que votre manière
distanciée d’évoquer un sujet aussi grave me surprend et pour tout dire me
choque profondément. Enfin, à moitié si je veux être précis, lâcha-t-il en guise
de provocation, puisque tout cela est la conséquence du discours hier de votre
collègue de la Santé ayant désigné formellement notre communauté comme
cible de la vindicte populaire.
- Pardon de vous détromper mais d’une part je peux vous assurer que toutes
les forces de l’ordre ont reçu de ma part l’ordre notamment de protéger les
lieux de culte sauf que compte tenu à la fois du contexte actuel et de son
ampleur, cette mission était vouée d’avance à un échec partiel. Il est
humainement et matériellement impossible d’être sur tous les fronts à la fois
et si je suis le premier à déplorer toutes les victimes et les dégâts causés,
j’aurais pu également vous citer les centaines de cas qui m’ont été rapportés
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