Page 135 - ANGOISSE
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- Cela pourrait constituer une première étape.
- Et quelle est la suivante à laquelle vous pensez ?
Le Ministre fit une pause de quelques secondes. Jamais il ne se serait
imaginé être un jour placé devant l’obligation de tenir des propos qui allaient
à l’encontre de sa propre morale ainsi que de toutes ses convictions légalistes
de respect des droits de l’homme. En son for intérieur il savait pourtant qu’il
n’y avait pas d’autre solution comme le Ministre de la Santé l’en avait
convaincu.
- Vous n’avez aucun ordre à recevoir de ma part et je n’ai aucune autorité à
votre égard. Toutefois compte tenu de l’extrême gravité de la situation que
nous vivons, il serait sage ou plutôt disons judicieux qu’il soit procédé à
l’élimination physique des terroristes et qu’il serait avisé que ce soit vous-
même qui fassiez le ménage parmi la population musulmane en supprimant
les mauvaises graines. A défaut, je ne peux pas vous en dire plus et j’en suis
désolé soyez en sûr, d’autres personnes en coulisse actuellement risquent de
s’en charger et je peux vous garantir qu’eux ne feront aucune distinction entre
le bon grain de l’ivraie.
Le représentant du CFCM demeura totalement abasourdi durant un temps
incroyablement long. Ce qu’il venait d’entendre de la bouche du Ministre de
l’Intérieur lui-même dépassait l’entendement. L’un des plus hauts
représentants de l’état n’exprimait rien d’autre de moins que de procéder à
des milliers d’assassinats !
- Ce qui se produit depuis deux jours vous a totalement retourné la tête ! Je
considère que je n’ai rien entendu et je vous dis adieu.
Le Ministre ne chercha même pas à le retenir. A sa place, cela aurait fait
déjà bien longtemps qu’il aurait quitté le bureau. En claquant sans doute la
porte.
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