Page 134 - ANGOISSE
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les « bons » musulmans ont élagué eux-mêmes les branches les plus extrêmes
et qu’ils sont dignes de la République qui les accueille. Vous en retireriez un
bénéfice considérable.
- Je n’ose comprendre vos propos. Qu’entendez-vous par mettre ces
terroristes « hors d’état de nuire » ? Sauf erreur de ma part, il s’agit pourtant
bien du rôle de vos services d’accomplir cette tâche.
- En période « normale » je peux affirmer que oui sauf que nous sommes dans
une situation exceptionnelle par son ampleur et sa portée. L’un de nos adages
nous indique d’ailleurs que nécessité fait loi et à la seconde où je vous parle il
s’agit même d’une impérieuse nécessité si on ne veut pas que notre pays
bascule définitivement dans le chaos.
- Vous n’avez toutefois pas répondu à ma première question. Qu’entendez-
vous par mettre ces terroristes « hors d’état de nuire » ?
- Disons que nous aurions besoin de votre implication.
- Si par implication vous entendez le fait que certains d’entre nous collaborent
avec vos services pour vous transmettre des informations sur ces terroristes,
vous imaginez bien que même si cela était réalisable ou envisageable, cela
prendrait un temps considérable pour infiltrer les réseaux.
- Ne prenez surtout pas mal ce que vais vous indiquer mais je suis persuadé
que non. Il y a une heure à peine j’ai reçu une note que j’avais commandé à la
Direction Générale de la Sécurité Intérieure afin d’obtenir, en croisant toutes
les données disponibles, un estimatif du nombre de terroristes impliqués dans
ces attaques concertées. Savez-vous à quel chiffre ils sont parvenus ?
- Aucune idée.
- Eh bien je vais vous le dire. A une fourchette comprise entre cinq mille et huit
mille individus ! Je peux comprendre votre stupéfaction, j’ai eu la même en
découvrant ces chiffres. Cela signifie par conséquent que compte tenu d’un
nombre aussi important, pour ne pas dire démentiel, il est impossible que des
membres de votre communauté, à quelque degré que ce soit, n’aient pas eu
connaissance de ce qui se tramait. Attention, je ne dis surtout pas que ceux-ci
soient complices puisque je suis plutôt convaincu que la presque totalité
d’entre eux, généralement sous la menace ou la peur de représailles, aient
préféré se taire jusqu’à présent.
- Vous voudriez donc qu’ils parlent ?
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