Page 137 - ANGOISSE
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Paris, Ministère de la Santé -15 Juin – Cinq minutes plus tard.



           Son anxiété était à son paroxysme. Il savait que son collègue de l’intérieur
        recevait à 09H30 le représentant du culte musulman aussi attendait-il avec une
        impatience non dissimulée le résultat de leur entretien. Bien entendu il lui
        avait été impossible d’y participer compte tenu du fait qu’il était sans aucun
        doute désormais considéré comme un paria au sein de cette communauté
        depuis son discours stigmatisant de la veille. La proposition que son collègue
        allait faire ne recélait déjà en elle qu’un très mince espoir d’aboutir, il n’était
        donc  pas  nécessaire,  par  sa  présence,  d’hypothéquer  définitivement  les
        dernières  chances  qui  leur  restaient.  Cette  proposition  il  le  savait
        parfaitement, pour l’avoir longuement soupesée avant de la soumettre, était
        véritablement démente, pas même imaginable dans un cerveau normalement
        constitué. Il s’agissait pourtant de l’unique solution envisageable et de toute
        manière il fallait tenter le tout pour le tout.
        - L’avenir appartient aux audacieux, avait-il énoncé à haute voix pour lui-même
        en  tentant  de  s’en  convaincre.  Oubliant  au  passage  que  le  présent  était
        résolument entre les mains de fous fanatiques et sans scrupules.
           Il décrocha son téléphone à la première sonnerie.
        - Alors ? Se fit-il impatient.
           Il comprit immédiatement au ton employé par le Ministre de l’Intérieur que
        les choses ne s’étaient pas déroulées comme espéré.
        -  Lorsque  je  lui  ai  indiqué  sans  faux-semblant  que  j’attendais  de  lui  qu’il
        mobilise ses coreligionnaires en vue d’éliminer physiquement les terroristes il
        a tout simplement pris la porte.
           L’espace de quelques longues secondes il y eut un silence pesant entre les
        deux hommes. Aucun d’entre eux ne souhaitant évoquer tout à la fois leur
        échec et ce qui allait désormais se produire de manière inéluctable. Ce fut
        finalement le Ministre de la Santé qui reprit la parole.
        - Nous aurons au moins tenté l’impossible et c’est déjà beaucoup.
        - Mince satisfaction lorsqu’on connaît les véritables desseins du Ministre de la
        Défense.

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