Page 185 - ANGOISSE
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nombre important pour ne pas dire majoritaire, comme je le crois au fond de
moi-même, de militaires vont se rebeller à des ordres inacceptables à leur
conscience.
- En t’écoutant je pense que tu peux désormais comprendre pourquoi il faut
que ce soit toi qui prenne la parole. Tu possèdes en toi une force de persuasion,
une foi, incroyables.
- Merci beaucoup. Et la seconde limite ? reprit-il aussitôt sans prendre le temps
de savourer quelques secondes le commentaire élogieux de son ami.
- Faut-il parler du fait que notre Président est actuellement « interné » dans le
bunker de l’Elysée sous bonne garde de sbires du ministre de la défense ?
- Cela découle de ma première réponse. Oui il faut en parler. Oui, il faut que
nous soyons les plus transparents possibles vis-à-vis de la population. C’est la
seule véritable arme dont nous disposons, le pouvoir du peuple, pour lutter
contre tous les absolutismes.
- C’est bien ce que je pensais également mais je voulais être sûr que nous
soyons bien précisément sur la même longueur d’ondes.
Le véhicule arriva à hauteur de l’hôtel. En voyant la masse des personnes
groupées devant le hall d’entrée, les deux hommes furent étonnés de
constater que les invitations lancées à la presse aient pu connaître un succès
bien au-delà de leurs espérances. Le rayonnement de l’information serait
beaucoup plus large qu’escompté, ce qui eut pour effet de mettre sur leurs
épaules une pression supplémentaire. Avant de descendre du véhicule les
deux hommes se serrèrent la main dans un geste qui n’avait rien de prémédité.
Aussitôt sorti le ministre de la santé vit un homme s’approcher rapidement
de lui. En un éclair, il comprit. Tout en continuant de marcher dans sa direction,
alors qu’il n’était plus qu’à deux mètres, l’homme sortit un pistolet et sans
l’ombre d’une hésitation, quelques secondes plus tard, lui colla le canon au
niveau du cœur. Puis s’approchant de son visage, il lui glissa à l’oreille « de la
part du ministre de la défense », avant de presser la détente à deux reprises.
Le ministre de la santé s’écroula lourdement sur le trottoir. Sans vie. Le
ministre de l’intérieur quant à lui venait à peine de s’extraire du véhicule côté
rue. Il entendit les deux détonations qui claquèrent à ses oreilles avant qu’il ne
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