Page 184 - ANGOISSE
P. 184
beaucoup plus de qualités que moi pour parler en public, qui plus est, à un
parterre de journalistes.
- Merci de ta confiance. Je n’ai pas de doute de toute façon sur le fait que tu
sauras me relayer au besoin si nous devons faire face à des questions, disons
« gênantes ».
- Cela m’amène à la question suivante. Quelle est la limite que nous devons
nous fixer lors de cette intervention ?
- Qu’entends-tu par limite ?
- Nous sommes tous les deux d’accord sur le fait que notre but premier est de
montrer que nous avons agi ou plutôt que le gouvernement a agi car nous
devons, bien que cela ne soit pas à proprement parler exact, nous exprimer au
nom d’un groupe et non en tant que deux entités dissidentes.
- Je partage ton avis.
- Le gouvernement a par conséquent agi afin de réprimer avec force, volonté
et détermination pour éradiquer la menace terroriste. Nous pourrons dès lors
relater les premiers succès rencontrés ce matin dans cette lutte afin d’illustrer
ce propos. Ce sera également l’occasion d’indiquer le rôle déterminant joué
par la communauté musulmane dans la réussite de cette opération hors
norme.
- Jusqu’ici je suis toujours d’accord avec toi mais tu n’as toujours pas répondu
à ma question concernant les limites.
- J’y viens. La première d’entre elle est de savoir s’il convient ou non d’indiquer
le rôle du ministre de la défense et de ses velléités de prendre le pouvoir afin
d’appliquer une politique ultraradicale visant notamment à éliminer tous ceux
qui ne sont pas français de souche.
Le ministre de la santé ne prit que le temps d’une courte réflexion avant de
répondre.
- Je pense pour ma part qu’il convient de crever cet abcès purulent. J’ai
parfaitement conscience que cet apprenti dictateur peut, à tout moment,
donner l’ordre à ses troupes d’intervenir et nous balayer grâce à la force dont
il dispose. Malgré tout j’ai foi dans nos concitoyens. Tous nos concitoyens.
Elevés, éduqués dans le respect des concepts républicains de liberté, d’égalité
et de fraternité. Et lorsque je dis « tous nos concitoyens », c’est parce que je
suis intimement persuadé qu’apprenant le projet réel de leur ministre, un
184