Page 191 - ANGOISSE
P. 191
Paris, Ministère de l’intérieur – 16 Juin – 15h13
Le ministre aurait été heureux si la mort de son ami n’avait pas entaché son
enthousiasme. Chaque minute qui passait apportait son lot de bonnes
nouvelles. D’interpellations de terroristes lesquels avaient l’impression d’être
plus que jamais traqués par les forces de l’ordre aussi bien que par la
communauté musulmane qui ne se contentait plus de livrer des informations
par l’intermédiaire du Conseil Français du Culte Musulman mais apportait
désormais sa contribution plus directe en procédant elle-même à ses propres
arrestations avant de les confier aux policiers ou gendarmes. D’autre part la
foule manifestait ouvertement son attachement aux principes républicains, ce
qui avait pour effet de réchauffer le cœur du ministre pris dans un tourbillon
qui dépassait largement ses espérances. Il eut une pensée de plus pour son
ami. Ce dernier quant à lui n’avait jamais douté que le peuple se lèverait d’un
seul élan pour briser toutes les tentatives d’autoritarisme et de dictature.
Combien avait-il eu raison. Sa foi profonde en l’homme dans ce qu’il peut
recéler de meilleur avait toujours été infaillible. Il lui manquait.
Il ne pouvait toutefois se laisser bercer par ses pensées alors que tant de
choses restaient encore à accomplir. En bon fleurettiste qu’il avait été durant
ses jeunes années, il savait que le moment était venu de porter l’estocade. Il
rejoignit la cour centrale du ministère devenue une véritable fourmilière avec
les va-et-vient incessants des femmes et des hommes voués à servir et
protéger la population, partant ou revenant d’une nouvelle mission. La plupart
fatigués, épuisés mais poursuivant inlassablement leur tâche sans rechigner. A
sa vue, sans un mot, tous s’arrêtèrent et vinrent faire cercle autour de lui. Puis
ils l’applaudirent spontanément. Le ministre en ressentit une immense fierté
et faillit même verser une larme avant de se reprendre sans que quiconque ne
soit toutefois dupe de son émotion.
- Je vous remercie tous très sincèrement, entonna-t-il d’une voix aussi
puissante que possible. Le temps est proche où nous pourrons nous reposer
de nos blessures, celui aussi au cours duquel nous pourrons lever un verre en
signe de victoire face aux défis qui ont été les nôtres jusqu’à présent mais en
attendant j’ai encore besoin de vous pour une tâche essentielle à la poursuite
191