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Paris, Ministère de la Défense – 16 Juin – 16h03


           Le groupe de volontaires formé pour la circonstance était pour le moins
        hétéroclite même si tous étaient animés de la volonté commune de mettre fin
        à la tentative de coup d’état militaire. On pouvait retrouver indifféremment
        des policiers, des gendarmes, en tenue, en civil, des membres du RAID ou du
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        GIGN  avec à leur tête le Ministre de l’intérieur qui avait été convaincu d’enfiler
        un  gilet  pare-balles  après  s’être  muni,  dans  l’artillerie  du  ministère  d’un
        RMR357 Magnum et d’un bon nombre de cartouches. L’un des membres du
        groupe,  commandant  d’une  compagnie  de  CRS,  avait  eu  la  bonne  idée
        d’emporter  avec  lui  un  mégaphone  avec  le  secret  espoir  que  cette
        confrontation se solde par des négociations sans avoir à échanger de coups de
        feu. Son souhait fut vite balayé dès qu’ils parvinrent devant les lourdes portes
        du ministère totalement verrouillées. Aussitôt quelques fenêtres de l’étage
        s’ouvrirent brusquement, faisant apparaître les silhouettes de militaires qui
        commencèrent  à  arroser  la  rue  avec  des  rafales  de  mitraillette.  Quatre
        membres du groupe s’effondrèrent sur le sol, blessés à mort, sans avoir eu le
        temps de riposter. Le Ministre, se rendant compte de l’erreur de cette attaque
        de  front,  enjoignit ses  hommes  à  se  replier  jusqu’à  l’angle  de  la  rue  toute
        proche afin de se protéger. Dans le même temps il se remémora qu’il y avait
        une  petite  porte  discrète à  l’arrière  du  bâtiment et  ordonna  à  cinq  de  ses
        hommes de s’y rendre afin d’empêcher toute sortie. Tout allait très vite et il se
        rendit rapidement compte que leur impréparation de cette action risquait de
        virer à un échec cuisant et sanglant. En réalité, dans son esprit, même s’il avait
        évoqué  une  mission  dangereuse,  il  n’était  pas  parvenu  à  imaginer  que
        l’interpellation  ne  puisse être  autrement  que  pacifique.  Cela  dépassait  son
        entendement.
        - Que fait-on maintenant ? Questionna un policier à côté de lui.
           Il  ne  savait  que  répondre.  Quatre vies  qu’il  avait  déjà  sur  la  conscience
        venaient d’être perdues et une partie de lui-même ne pouvait accepter qu’l y
        en ait d’autres. C’est alors qu’un membre du GIGN vint à son secours.


        6  GIGN : Groupe d’Intervention de la Gendarmerie Nationale
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