Page 194 - ANGOISSE
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- Permettez-moi de vous donner mon avis Monsieur le Ministre.
        - Nous vous écoutons, lâcha-t-il en tentant de reprendre contenance.
        - Nous ne pourrons pas les déloger en essayant d’entrer de cette manière.
        C’est  voué  à  l’échec  d’avance.  Ce  qu’il  faut  c’est  les  obliger  à  sortir.  Les
        hommes  qui  sont  face  à  nous  sont  des  militaires  préparés  à  la  guerre
        traditionnelle, si vous me passez l’expression. Mais pas à la guerre urbaine.
        - Je ne comprends pas où vous voulez en venir.
        - Je m’explique. Comme vous l’avez dit vous-même ils sont vraisemblablement
        lourdement armés mais pour autant je suis persuadé, même si je peux toujours
        me tromper, concéda-t-il, qu’ils ne sont pas préparés à faire face à une attaque
        sous forme de gaz lacrymogène. Je ne parle pas de celui qui est utilisé lors des
        manifestations  qui  est  exclusivement  du  CS,  c’est  à  dire  un  simple  irritant
        oculaire sans effets secondaires mais j’évoque ici le CN qui quant à lui est un
        irritant respiratoire particulièrement efficace.
        - Et vous disposez de ce CN ?
        - Bien sûr, nous en avons toujours dans nos véhicules d’intervention en cas de
        besoin.
        - Je confirme, intervint un membre du RAID.
        -  Et  à  cette  distance,  est-ce  jouable ?  Si  on  tient  compte  du  fait  que  nous
        sommes  tout  de  même  à  une  bonne  centaine  de  mètres  des  premières
        fenêtres.
        -  Sans  problème.  La  portée  maximum  est  de  deux  cents  mètres.  La  seule
        véritable difficulté sera de bien viser la cible, à savoir les vitres des fenêtres,
        seuls points d’entrées. Et nous sommes de biais, réduisant ainsi l’angle de tir.
        Mais c’est effectivement jouable.
        - Merci pour ces précieux conseils. Je vous donne donc mon feu vert pour
        utiliser ce CN.
           Le membre du GIGN et celui du RAID se rendirent conjointement jusqu’à
        leurs véhicules respectifs afin d’aller chercher l’équipement requis. Pendant ce
        temps  le  ministre  s’empara  d’une  radio  afin  de  prévenir  les  cinq  hommes
        placés à l’arrière du bâtiment de la nature de l’opération à venir. En aucun cas,
        ils  ne  devaient  chercher  à  entrer  mais  attendre,  patiemment,  que  les
        occupants sortent. A condition que les mutins n’aient pas à leur disposition des
        masques à gaz, pria le ministre.

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