Page 196 - ANGOISSE
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Ils patientèrent dans un silence glacial malgré l’air ambiant caniculaire. Ils
        n’eurent pas à le faire très longtemps. Quelqu’un cherchait à ouvrir la porte
        principale du bâtiment. Instinctivement les hommes se baissèrent en pointant
        leur arme dans cette direction. Bientôt ils virent quelques hommes en treillis
        courir quelques mètres, en se tenant la gorge et le visage, avant de s’effondrer
        au milieu de la rue.
        - On ne bouge pas, on patiente encore un peu, ordonna le ministre qui ne
        voulait prendre aucun risque pour ses hommes.
           Il était dans l’ignorance la plus totale quant au nombre de personnes qui se
        trouvaient encore dans le bâtiment aussi préférait-il demeurer prudent. Il se
        trouva conforté dans cette précaution en voyant une courte minute plus tard
        s’échapper un autre groupe d’hommes avant que ces derniers ne viennent,
        comme leurs prédécesseurs, rouler sur l’asphalte. Il éprouva une forme de
        pitié à leur égard en les voyant s’agiter comme des pantins tandis que certains
        d’entre eux cherchaient à arracher plus que retirer, leurs vêtements imprégnés
        du gaz. Ne se trouvait toujours pas parmi eux le ministre de la défense.
           C’est  alors,  bien  qu’à  distance  respectable,  il  perçut  le  souffle  d’une
        gigantesque  explosion.  Ses  oreilles  bourdonnaient encore mais  il  voulut  se
        rendre  compte  de  ce  qui  s’était  produit.  Une  immense  fumée  masquait
        presque totalement le bâtiment et il lui fallut patienter de longues minutes
        avant  de  pouvoir  constater,  ahuri,  que  les  deux  derniers  étages  s’étaient
        littéralement volatilisés. Ne laissant planer aucun doute sur le fait qu’aucune
        vie ne serait à secourir.












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