Page 201 - ANGOISSE
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au  bunker.  Sinon,  bien  évidemment  notre  Président  nous  aurait  contacté
        d’une manière ou d’une autre afin de venir le délivrer même si en pratique,
        c’était mission impossible avant ce soir. Lui seul dispose du code permettant
        d’ouvrir  la  porte  du  blockhaus.  Le  principe  est  le  suivant,  lorsqu’il  est  à
        l’intérieur  et  qu’il  doit  sortir,  il  compose  son  code  réputé  inviolable.  Cette
        première étape n’est toutefois pas suffisante pour déclencher l’ouverture. En
        effet, pour des raisons de sécurité, la procédure prévoit alors pour éviter qu’il
        ne se trouve à l’extérieur nez à nez avec des ennemis qui se seraient emparés
        de l’Elysée, le fait que son chef de cabinet valide de son côté l’ouverture pour
        que la porte puisse enfin s’ouvrir.
        - Vous semblez en connaître un rayon sur le sujet.
        - Vous allez sourire en apprenant pour quelle raison. Je suis tout simplement
        claustrophobe.  J’ai  eu  l’occasion  à  quatre  reprises  de  me  rendre  dans  le
        fameux  bunker  lors  d’exercices  de  simulations  de  crises  et  je  peux  vous
        affirmer que je n’étais pas franchement rassuré de me savoir enfermé entre
        ces murs de béton et d’acier. Et ce d’autant moins qu’en cas de malaise du
        Président, nous serions restés enfermés sans doute durant des jours. Ce qui
        vous me le concéderez aisément aurait fait quelque peu désordre, fit-il en
        riant. Plus sérieusement, j’ai par la suite eu l’occasion de questionner le chef
        de cabinet en lui demandant ce qui se passait si lui-même perdait ou oubliait
        son code de validation. Je me souviens qu’il s’est mis à sourire en m’indiquant
        sous le sceau de la confidence qu’en fait lui-même ne disposait d’aucun code
        mais qu’il devait se contenter d’appuyer sur un simple bouton dissimulé dans
        la paroi extérieure.
        - Et vous savez où se trouve ce fameux bouton ?
        - Je l’ignore mais je présume qu’à nous tous nous devrions arriver à le trouver
        sans trop de difficultés.
        - Pourquoi me dites vous tout cela alors que vous venez ni plus ni moins que
        de me livrer des secrets d’état ?
        - Je m’attendais à cette question. Votre présence à mes côtés, au même titre
        que tous vos autres collègues, est un gage de la confiance que je peux vous
        accorder.  Lorsque  j’ai  sollicité  des  volontaires  pour  assumer  cette  mission
        dangereuse, vous n’aviez aucune obligation de me rejoindre et pourtant vous
        l’avez fait sans hésitation. C’est largement suffisant à mes yeux.

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