Page 204 - ANGOISSE
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dans ces interpellations, de l’assassinat de son ministre de la santé, de
l’explosion du ministère de la défense avec tous les militaires et le ministre lui-
même qui y étaient retranchés. Le Président l’écoutait d’une oreille attentive,
posant parfois quelques questions complémentaires afin d’obtenir des
précisions avant de le laisser poursuivre le fil de son récit. S’il était abasourdi
par tout ce qui s’était déroulé durant sa séquestration, il n’en fit toutefois pas
état. Son visage trahissait simplement une certaine gravité que le ministre ne
lui avait jusqu’alors jamais connu. Il posa enfin une dernière question.
- Et le Premier Ministre dans tout cela ?
- Je suis désolé de vous le dire mais il a totalement brillé par son absence.
- C’est bien ce que je pensais, lâcha-t-il laconiquement.
Puis il se mit à réfléchir. Signe de sa part qu’une décision serait bientôt prise
même si le ministre ne pouvait en imaginer la teneur.
- Vous avez joué un rôle déterminant…
- Avec le ministre de la santé. Pardon, de vous avoir interrompu.
- Je disais donc, vous avez joué un rôle déterminant avec le ministre de la santé
pour gérer cette crise d’une ampleur jusqu’à présent inégalée dans notre
histoire. Vous comprendrez parfaitement qu’à la suite de celle-ci il va me falloir
un nouveau gouvernement pour remettre la France sur les rails car je présume
que si de nombreux terroristes ont été mis hors d’état de nuire, il doit y en
avoir encore un certain nombre dans la nature, susceptibles de continuer à
nuire. Si j’ai bien compris également il va falloir statuer sur le sort de ceux qui
ont été interpellés et qui se trouvent actuellement enfermés dans des stades.
Sans oublier bien entendu le fait que les hôpitaux et malheureusement les
morgues sont plus que saturés au risque de surajouter à la crise sanitaire
existante avec l’émergence de maladies. Et enfin je ne peux pas ne pas évoquer
l’aspect purement économique car si la perte en vies humaines est
indéniablement dramatique, le fait que la majorité de nos entreprises soient à
l’arrêt est tout aussi catastrophique car nous savons vous comme moi que si
une crise économique d’ampleur venait à survenir, cela ferait assurément le lit
de la droite la plus extrême. Pour toutes ces raisons et bien d’autres, je suis
persuadé que vous êtes l’homme de la situation et que vous feriez un excellent
Premier Ministre.
Passé le premier étonnement, le ministre répondit sans hésiter.
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