Page 91 - ANGOISSE

Paris, Face à la maison de la radio -14 Juin – 09H45

Un comité d’accueil l’attendait devant la porte de sortie de la maison de la
radio. Trois hommes en treillis militaire arborant ostensiblement en
bandoulière leur FAMAS, fusil d’assaut, étaient précisément ici à son unique
attention. Il n’en douta pas dès qu’il les vit et ne chercha pas à se dérober en
sachant que c’était peine perdue d’avance. Le Ministre de la Santé aurait pu
s’inquiéter de cette présence inattendue tant l’attitude des soldats semblait
hostile à son égard aussi s’étonna-t-il d’afficher un large sourire. Il connaissait
toutefois parfaitement la raison de la contraction de ses zygomatiques tant il
jubilait intérieurement de la satisfaction du devoir accompli.
Comme il l’avait supposé, le journaliste à la seule évocation d’un scoop
exclusif l’avait convié à le rejoindre immédiatement sur les plateaux de son
émission radiophonique. Il n’avait pris aucune note, aucun dossier et avait
longuement évoqué les faits sans faire preuve de la moindre hésitation. Le
journaliste, d’ordinaire si volubile et interrogatif pour ne pas dire intrusif ne
l’avait pas interrompu tant ce que celui-ci entendit ce jour-là déclencha une
vague d’angoisse et de terreur absolue. Au point de le laisser quasiment muet.
Il ne fut pas le seul. Derrière la vitre du studio on devinait parmi les techniciens
des visages frappés de stupeur. Le même phénomène se produisit dans des
millions de foyers français en découvrant la réalité et l’ampleur de la menace
qui pesait sur leurs têtes. Instinctivement le Ministre de la Santé avait haussé
le ton comme s’il voulait tous les réveiller de leur torpeur lorsqu’il indiqua que
le porc sous toutes ses formes alimentaires était le vecteur unique de
transmission du toxique et que par conséquent en l’absence d’ingestion de cet
aliment il n’y avait aucun risque à redouter. Il rappela à plusieurs reprises que
toute la nourriture susceptible d’être incriminée devait impérativement être
jetée en la plaçant dans des sacs étanches à l’aide de gants dont il convenait
ensuite également de se débarrasser. Aucune question ne lui fut posée tant
son discours avait été clair et précis. Avant de quitter le studio il avait
communiqué l’adresse internet sur laquelle chacun pouvait librement se
connecter afin d’identifier la liste non exhaustive des aliments et préparations

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