Page 93 - ANGOISSE
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- Je ne sais pas si vos propos sont franchement rassurants, conclut le Ministre
        de la Santé en attendant de connaître la suite des événements.
           La  cour  intérieure  du  Ministère  de  la  Défense  avait  l’apparence  d’une
        véritable fourmilière. Des hommes en armes s’agitaient dans tous les sens dans
        un désordre qui lui parut indescriptible.
        -  Je  dois  repartir  immédiatement  pour  une  autre  mission,  indiqua  le
        conducteur et chef de la section. L’un de mes hommes va vous accompagner
        jusqu’au bureau du Ministre.
        - C’est inutile, je connais le chemin.
        - Je suis désolé mais je vais devoir une fois de plus insister.
        - OK, lâcha le Ministre tout en levant les bras en signe de reddition.
           Il  prit  aussitôt  la  direction  du  bureau  de  son  confrère  -  l’était-il  encore
        d’ailleurs vraiment ? – suivi comme son ombre par l’un des deux soldats. Ils
        parvinrent  jusqu’au  premier  étage  du  bâtiment  principal  en  empruntant  le
        large escalier, le ministre ne souhaitant pas se retrouver avec un homme armé
        dans un endroit aussi exigu qu’un ascenseur. Puis il se dirigea vers le bureau
        situé à l’extrémité de l’immense bâtisse en pierres. Ce fut simplement alors
        qu’il ne lui restait plus que deux mètres à parcourir que le soldat intervint en
        le dépassant, lui bloquant ainsi le passage.
        - Attendez, je vais d’abord vous annoncer.
        - Eh bien faites en n’oubliant pas de vous courber suffisamment afin que votre
        maître puisse vous offrir une caresse en récompense de vos bons et loyaux
        services.
           Le soldat lui jeta un regard noir sans toutefois répliquer à cette provocation.
        Il frappa à la porte et après qu’une lampe de couleur verte se soit éclairée sur
        le mur à côté de l’entrée, l’invita d’un simple geste à entrer à l’intérieur tandis
        que lui-même demeurait sur le seuil. Le Ministre de la Santé n’hésita pas une
        seconde  bien  décidé  désormais  à  en  découdre  dans  le  face  à  face  qui
        l’attendait.
        - Entrez, entrez donc je vous prie.
           Il  reconnut  aussitôt  la  voix  qui  lui  était  familière  bien  qu’il  ne  puisse
        distinguer qu’une ombre, le Ministre de la Défense étant en total contre-jour.
        Il connaissait les lieux mais éprouva rapidement un sentiment de malaise tant


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