Page 90 - ANGOISSE
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procéder au règlement de la totalité de la prestation funéraire sans pouvoir se
        contenter de faire un acompte. Les rabais étant en outre non négociables bien
        qu’il  ait,  sans  scrupule,  généralement  multiplié  les  prix  par  deux  pour  la
        circonstance.
           Il  se  convainquit  rapidement  de  téléphoner  à  un  ami  menuisier  qui
        possédait  une  petite  entreprise  d’une  dizaine  de  salariés  dans  la  zone
        industrielle à la sortie de la ville.
        - Bonjour, c’est Clément à l’appareil.
        - Vu ta voix ce n’est pas l’ami qui m’appelle mais le chef d’entreprise et je crois
        savoir pourquoi.
        - Alors si tu le sais, quel est le but de mon appel ?
        -  C’est  très  simple  Clément.  Toute  la  ville  ne  cesse  de  parler  de  de  ces
        empoisonnements et du porc qui sert de support de la contamination. On peut
        d’autant moins y échapper que comme tu le sais, les Abattoirs Bretons sont le
        deuxième employeur sur la Commune. Et cela fait peur à tout le monde. Parce
        qu’il y a des morts. Beaucoup de morts même. Aussi je présume que tu dois
        être en rupture de stock avec tes cercueils. C’est bien ça ?
        - Effectivement c’est bien ça.
        - Et tu vas demander de t’en fabriquer. Bien entendu au plus vite.
        - Autant que possible.
        - Ce n’est pas notre production habituelle mais finalement un cercueil ce n’est
        jamais qu’une grande boîte en bois avec des poignées sur les côtés. Ce ne doit
        pas être très compliqué à fabriquer même si bien évidemment ceux que je
        pourrais produire ne seront pas aussi beaux que ceux que tu vends d’habitude.
        - Evidemment. J’en ai bien conscience. Mais ce n’est pas grave. Nos clients
        comprendront. Tu pourrais démarrer la production quand ?
        - Pour être honnête avec toi, j’étais tellement persuadé que tu allais m’appeler
        à l’aide que l’on a déjà commencé à travailler sur le sujet depuis le début de la
        matinée. De ce fait j’ai dû stopper d’autres productions pour me consacrer à
        toi. Tu ne m’en voudras donc pas si lorsque je t’enverrai mes factures, celles-
        ci  seront  légèrement  chargées  pour  compenser  la  réorganisation  de  ma
        production.
        - Ne sois tout de même pas trop gourmand.
        - Tu me connais.

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