Page 121 - L'Empreinte du temps
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- J’aurais voulu pouvoir disposer d’un peu de temps pour t’emmener
boire un verre après ce que nous avons vu mais j’ai bien peur que ce
ne soit pas possible. Pour ma part, après ma première autopsie, il
s’agissait d’une gamine de cinq ans massacrée à coups de poing par
son beau-père, j’avais été heureuse que Didier m’emmène boire un
verre pour jeter un voile dans mon esprit. Si ma mémoire est bonne,
indiqua-t-elle avec un rire amer, ce soir-là ce ne fut pas simplement
un verre mais pas moins de cinq Pastis que j’ai absorbés coup sur
coup comme on avale un médicament.
- On m’avait bien dit en arrivant dans la grande maison qu’on buvait
comme des trous dans la Police ! lâcha Philippe en guise de boutade.
- Ouais, parfois ça fait vachement du bien. Nous exerçons l’un des
rares métiers dans lequel nous sommes confrontés en permanence à
la lie de la société au point que certains d’entre nous finissent parfois
par se suicider ou sombrer dans des dépressions dont ils ne sortent
jamais.
Gilles SOURIQUET était tout sourire. Au point d’inquiéter Clarice
avant le début de la perquisition. Pour afficher un tel sourire il fallait
que l’intéressé ou soit totalement fou ou parfaitement serein en
sachant que toutes les traces permettant de l’impliquer
définitivement dans l’assassinat de la femme du 23 avaient
totalement disparues. Effacées. Volatilisées à tout jamais. Il convenait
d’autant plus d’accomplir cette fouille avec encore plus de minutie.
Pour la circonstance Clarice s’était adjoint l’aide d’un gardien de la
paix en tenue dont le rôle était de surveiller en permanence le mis en
cause. L’enquêtrice voulait ainsi permettre à Philippe de participer
activement à la perquisition sans être astreint à une simple bien que
nécessaire tâche de surveillance. Laurent de son côté avait été
ponctuel et commençait de déballer son matériel.
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