Page 125 - L'Empreinte du temps
P. 125
- Bon, nous ne pouvons pas de toute façon inventer des preuves qui
n’existent pas ou qui ont été effacées. Je vais vous demander de me
présenter demain matin à onze heures ce SOURIQUET mais avant
j’aimerais connaître votre sentiment quant à son éventuelle
culpabilité. Tout cela reste en off et je ne veux pas de faux-semblants
mais votre intime conviction.
L’enquêtrice fut quelque peu déstabilisée par la question. Il ne
serait dressé aucun procès-verbal de leur conversation sans que
celle-ci soit toutefois de pure forme. La réponse de Clarice allait d’une
manière ou d’une autre conditionner la propre perception de cette
affaire par la Juge. Donner à la suite de l’enquête une autre
coloration, un autre ton. La magistrate ne lui demandait rien d’autre
que de porter un jugement dont elle savait qu’il aurait une influence
sur la suite des événements. Ne cherchant pas à fuir ses
responsabilités elle se lança.
- J’ai parfaitement conscience que la seule concordance entre les
empreintes digitales relevées sur les lieux du crime et celles de Gilles
SOURIQUET est insuffisante pour faire de lui un coupable. J’ai
toutefois le sentiment bien que relayé par aucun élément matériel
probant en l’état actuel, que celui-ci est pourtant bien l’assassin de la
dame du 23. Je me trompe peut-être mais son attitude de défiance
me laisse à penser qu’il agit ainsi car il croit son impunité garantie.
L’homme est intelligent avec parfois l’expression d’une double
personnalité et j’ai tendance à penser que si l’homicide a été
parfaitement prémédité et organisé, celui-ci a également fait le
nécessaire pour faire disparaître tous les éléments compromettants.
- Je vous remercie pour votre sincérité. N’oubliez pas. Demain onze
heures.
125