Page 127 - L'Empreinte du temps
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La nuit avait été courte pour Clarice. Elle avait supposé qu’après
une journée aussi harassante et si pleine d’émotions le sommeil la
gagnerait rapidement. Sauf que si son corps était effectivement
épuisé, l’esprit quant à lui continuait de fonctionner à plein régime
au point d’empêcher de couper le contact. La policière n’arrivait pas
à comprendre pourquoi une affaire aussi simple en apparence allait
bientôt lui échapper. Au risque de devenir la risée de nombreux de
ses collègues. Qui n’auraient pas fait mieux en la circonstance, se
convainquit-elle pour atténuer son sentiment de culpabilité. Où se
cachait l’erreur ? Où se dissimulait la faille qui permettrait de
reprendre les rênes de l’enquête ? Ces questions tournaient
inlassablement dans sa tête aussi rapidement que son corps qui se
balançait d’un côté à l’autre du lit en cherchant vainement le sommeil
libérateur. Brusquement une phrase prononcée par le légiste lui
revint à l’esprit : « Toutefois si je puis me permettre un petit conseil
fruit de ma longue expérience, à votre place je chercherais plutôt le
mobile de cet homicide ». Voilà si sa mémoire était bonne ce que le
médecin lui avait indiqué. Instantanément, dans un geste qui n’aurait
pas fait manquer de penser à un ressort qui se déploie, elle se
retrouva assise sur son lit. La tête entre les mains dans l’illusion d’un
penseur. La clé de cette affaire hors norme ne résidait pas dans la
recherche du cutter ni même de ce fameux scalpel mais du mobile. Si
elle le trouvait, elle trouverait nécessairement le lien reliant ce
SOURIQUET et la dame du 23. Elle en était désormais certaine.
- Bon ma petite Clarice, tentons de récapituler tous les mobiles
possibles et imaginables. Concentre-toi.
- L’appât du gain. Voilà un excellent mobile vieux comme le monde.
Sauf qu’apparemment cette femme ne roulait pas sur l’or et
qu’autant qu’on puisse le savoir la seule disparition porte sur une
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