Page 129 - L'Empreinte du temps
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Clarice allait écarter définitivement ce mobile sans creuser plus
          avant d’autres motifs de vengeance lorsqu’un léger souffle d’air froid
          lui  caressa  le  visage.  Son  cerveau  tenta  d’analyser  en  quelques
          millionièmes  de  seconde  cette  sensation  à  la  fois  douce  et
          inquiétante. Toutes les fenêtres sont parfaitement fermées, pensa-t-
          elle en se demandant d’où celui-ci pouvait bien provenir. Elle bascula
          alors l’interrupteur de sa lampe de chevet afin d’en chercher l’origine.
          En même temps qu’elle éclairait la pièce les poils de ses bras et de
          ses jambes se mirent à frissonner. De peur. Elle s’attendait lorsque la
          lampe inonda la chambre d’une lumière crue à voir apparaître devant
          ses  yeux  un  de  ces  monstres  ayant  peuplés  ses  cauchemars
          lorsqu’elle était adolescente. Mais il n’en fut rien. Aucun monstre. Pas
          même  l’ombre  de  la  moindre  présence. Simplement  ce  sentiment
          persistant  que  ce  souffle  devait  bien  avoir  une  origine  physique.
          Clarice  se  leva  et  s’assura  aussitôt  que  toutes  les  fenêtres  étaient
          effectivement hermétiquement closes. Elle ne comprenait pas dans
          son  esprit  cartésien  d’où  cet  air  qui  lui  frôlait  toujours  le  visage
          pouvait émaner bien qu’elle se soit déplacée. Celui-ci semblait ne pas
          avoir une source unique mais une multitude, se passant le relais au
          gré de ses déplacements dans l’appartement. Le souffle venait tantôt
          de gauche, tantôt de droite sans raison apparente. Un court instant
          elle crut être dans un rêve. Que tout cela n’était rien d’autre que le
          fruit  onirique  de  son  imagination  parfois  trop  débordante  aussi
          décida-t-elle de se pincer la peau. Ce qui la convainquit rapidement
          qu’elle était parfaitement éveillée après avoir émis un petit cri de
          douleur. Peu à peu Clarice se rendit compte que ce souffle n’était
          absolument pas hostile et parvint lentement à étouffer sa peur. Elle
          tenta alors de rationaliser ce qui lui arrivait et parvint à la conclusion
          provisoire  que  ce  souffle  d’air,  quelle  que  soit  sa  source  ou  son
          origine,  cherchait  à  lui  faire  saisir  quelque  chose.  Il  fallut  encore
          quelques  minutes  supplémentaires  à  la  jeune  femme  pour
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