Page 130 - L'Empreinte du temps
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comprendre de manière empirique que le souffle avait pour but de
guider sa tête dans une certaine direction.
- Là je crois ma pauvre fille qu’il vaut mieux qu’il n’y ait pas eu de
témoin car même le plus ouvert d’esprit se serait déjà depuis
longtemps précipité pour t’enfiler une solide camisole de force !
- Mais après tout comme il n’y a justement aucun témoin, qu’est-ce
que tu risques ? Rien du tout sinon de froisser ton amour propre. Et
ça on sait très bien que tu n’en as rien à battre.
Clarice chercha à faire le vide en elle et se concentra
exclusivement sur les plus infimes perceptions de ce souffle sur la
peau de son visage. Elle commença à se mouvoir dans sa chambre.
Elle ressentit immédiatement le courant froid sur sa joue droite et
tourna lentement la tête sur sa gauche jusqu’à ce que ce souffle
disparaisse totalement. Son visage visait la porte aussi en conclut-elle
qu’il convenait de sortir de cette pièce. Que ce qu’il fallait qu’elle voie
ne se trouvait pas dans sa chambre. Devant le seuil le souffle se
manifesta à nouveau mais cette fois-ci sur sa joue gauche. Elle pivota
par conséquent du côté opposé jusqu’à ce que celui-ci s’arrête à son
tour. C’est alors que se produisit devant ses yeux un effet qui la laissa
pantoise un instant. Des dizaines de pièces de papier, celles qu’elle
qualifiait de puzzle voletaient dans l’air à près d’un mètre du sol. Ce
fut seulement lorsqu’elle cria « J’ai compris ce que vous voulez ! » que
les morceaux de papier retombèrent en retrouvant leur place initiale.
Il était près de cinq heures lorsque Clarice parvint enfin à
reconstituer le puzzle géant. Il restait bien encore quelques
emplacements vides sans toutefois empêcher de connaître la teneur
du texte. Il s’agissait d’un acte notarié datant de début 1987.
Concernant la vente en viager d’une maison sise au 23 rue des
souvenirs.
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