Page 173 - L'Empreinte du temps
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les locaux, ce qui malgré l’évidente bonne volonté de la plupart
d’entre eux n’était pourtant pas rare.
- Bonjour Philippe, ça fait plaisir de te voir.
- Idem.
- Quel bon vent t’amène ?
- Notre enquête sur l’homicide de la dame du 23 est en pause et je
me suis dit que plutôt que glander là-haut, je pourrais peut-être te
donner un petit coup de main.
- Pas de refus ! C’est pas le taf qui manque, indiqua le factionnaire en
désignant à son collègue une foule dense qui débordait de la salle
d’attente.
- De quoi veux-tu que je m’occupe ?
- Si tu peux t’occuper des mains-courantes, ce serait super.
- Vendu.
Tous les plaignants forts de leur bon droit venaient ici pour
déposer plainte. Ne sachant généralement pas qu’il fallait
nécessairement, pour procéder à cet enregistrement, qu’il y ait eu
commission d’une infraction prévue par la Code Pénal. Certains
policiers tentaient parfois de leur expliquer qu’ils ne pouvaient en
conséquence enregistrer leur demande. D’autres fois afin de couper
court aux vociférations ils se contentaient d’enregistrer leur
déclaration sur une main-courante. Un simple registre offrant
l’illusion d’une plainte mais dont la portée se limitait à une
consignation ne donnant lieu à aucune suite.
Philippe venait de rédiger trois mains-courantes lorsqu’il vit
apparaître un homme d’assez forte stature engoncé dans un bleu de
travail. L’homme semblait passablement agité.
- Vous ne croyez tout de même pas qu’on va me la faire à moi. J’ai
bien compris que vous ne vouliez pas prendre ma plainte. Je n’en ai
rien à foutre d’une main-courante.
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