Page 176 - L'Empreinte du temps
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- Ni l’un, ni l’autre. J’ai essayé de raccrocher ce dont vous avez été la
victime avec une infraction prévue par le code pénal mais je n’ai rien
trouvé. Vous auriez eu une station-service et ce type serait parti
sciemment sans payer, j’aurais pu dans ce cas prendre votre plainte
pour grivèlerie de carburant mais d’après votre histoire, même si ce
type est sans doute quelqu’un de malhonnête cela ne relève pas du
pénal. Je suis désolé. Par contre la main-courante pourra vous
permettre de démontrer auprès d’une juridiction civile, en cas de
besoin, que vous avez bien fait des démarches pour obtenir
réparation de votre préjudice.
Le garagiste était maintenant hésitant entre les deux démarches
qu’il avait à l’esprit. Soit quitter immédiatement le commissariat en
faisant connaître avec la voix, de manière véhémente, sa contrariété.
Soit faire enregistrer cette main-courante qui pourrait toujours servir
de preuve au cas où il devrait entamer une action auprès d’un
tribunal. La voix de la sagesse l’emporta finalement.
- OK, j’ai compris. Vous voulez la carte grise c’est bien ça ?
- Ce type ne vous a sans doute signé aucun document ?
- Exact.
- Alors le seul moyen pour noter son identité et son adresse, c’est de
se référer à la carte grise de sa voiture.
Le garagiste lui tendit une copie à moitié froissée dont Philippe se
saisit machinalement. Ce n’est seulement qu’après quelques
secondes de consultation des informations portées sur le certificat
que son visage se mit brusquement à s’éclairer plus sûrement qu’une
guirlande de noël à la grande surprise de son interlocuteur.
- Vous aviez finalement raison, lui lança-t-il sur un ton enjoué. Et c’est
même un Lieutenant de Police qui va enregistrer votre plainte !
- Dans combien de temps ? lâcha le garagiste en regardant
ostensiblement sa montre alors qu’il ne comprenait toujours pas à
quoi était dû ce brusque revirement.
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