Page 42 - L'Empreinte du temps
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montraient à quel point la police scientifique et technique pouvait
          s’attacher au moindre détail et il n’était pas question pour lui de faire
          preuve  de  la  moindre  négligence.  Puis  il  recensa  les  vêtements,
          textiles, susceptibles d’avoir également des traces de sang avant de
          les  empiler  dans  un  grand  sac  poubelle  parfaitement  opaque.  Sa
          première idée avait été de les laver lui-même mais très rapidement
          celle-ci  lui  déplut.  Il  lui  semblait  se  rappeler,  sans  qu’il  en  ait  la
          certitude, que le sang pouvait résister au lavage. Certitude ou non, il
          n’avait pas l’intention de prendre le moindre risque en la matière et
          tout ce linge finirait  bientôt totalement calciné au fond d’un bois.
          C’est alors qu’il se rappela de son blouson, celui qu’il avait jeté le plus
          loin possible en découvrant avec dégoût les auréoles d’hémoglobine.
          Celui-ci devait normalement et logiquement finir comme les autres
          vêtements  au  fond  du  sac  poubelle  mais  il  n’en  trouvait  pas  le
          courage.  Ce  blouson  était  le  seul  objet  en  sa  possession  ayant
          appartenu à son père. Lors du maigre héritage, cinq ans plus tôt, ses
          frères et sœurs s’étaient partagés avidement le mobilier, l’électro-
          ménager tandis que pour sa part il n’avait demandé qu’à avoir ce
          blouson. N’ayant d’autre de particulier que le fait qu’il était associé à
          tous  ses  souvenirs  heureux  avec  son  père.  Celui-ci  le  portait  en
          permanence  quelle  que  soit  la  saison  aussi  bien  pour  aller  à  pied
          jusqu’à son travail que pour se balader. Gilles n’avait pas eu trop de
          mal à l’obtenir lors de l’héritage tant celui-ci était élimé et rapiécé. Il
          prit délicatement le blouson, un peu surpris par une odeur entêtante
          qu’il prit pour celle du sang, avant de le déposer au fond d’un autre
          sac poubelle en se promettant très rapidement de le faire nettoyer
          par des professionnels.
            Il ne lui restait plus qu’à s’occuper de la main ou plus exactement
          d’une  main  amputée  et  de  ses  deux  phalanges.  Avec  une  forme
          d’inquiétude et de dégoût mêlés il les fit glisser dans le sac où se
          trouvaient déjà vêtements et textiles. Se demandant déjà si le tout
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