Page 43 - L'Empreinte du temps
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allait parfaitement brûler en ne laissant d’autre trace que celle de
cendres inexploitables par la Police. Il comptait bien utiliser les deux
bouteilles d’allume-feu liquide servant en été à allumer le barbecue
mais fut bientôt pris d’un doute affreux qui le tarauda longuement.
Les vêtements, le textile allaient a priori se consumer sans trop de
difficultés et en un temps relativement réduit mais il en irait sans
doute autrement de la main et ses deux phalanges. Hésitant quant à
l’option qu’il lui faudrait prendre désormais sans attendre il sortit de
sa poche son smartphone et cliqua nerveusement sur l’icône de
Google. Il tapa les critères de recherche suivants : « même carbonisé
peut-on relever de l'adn ». Il fallut moins d’une seconde pour que
s’affichent des milliers de résultats. Gilles cliqua avec impatience sur
le premier d’entre eux et après une lecture d’à peine quelques
secondes se félicita de sa démarche, l’article précisant que « même
un corps carbonisé va livrer ses secrets, d’autant que, souvent,
certaines zones sont partiellement épargnées du feu, par exemple
celles qui sont près du sol. ». Il lui fallut fouiller dans le sac plastique
pour retrouver la main ainsi que les deux phalanges et les en retirer.
A force de les manipuler son dégoût viscéral finissait par s’estomper.
Comme si l’habitude, la répétition des mêmes gestes permettait de
finir par accepter le plus vil, le plus ignoble dans un obscurcissement
mental nécessaire pour ne pas se mépriser soi-même.
Restait maintenant à savoir qu’en faire ? Les enterrer ? L’idée était
tentante et relativement aisée à mettre en œuvre mais il l’écarta
rapidement en imaginant tous les animaux carnassiers qui ne
manqueraient pas de creuser la terre, attirés par l’odeur du sang, de
la viande. Et tôt ou tard, cette main finirait par réapparaître à la
surface et tomber entre les mains de la Police.
- Oui mais mon garçon lui dicta une petite voix intérieure, même si la
Police la retrouve, ils ne disposeront d’aucun moyen de remonter
jusqu’à toi.
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