Page 156 - le barrage de la gileppe
P. 156
156
Le Barrage du Nil doit certainement être mentionné dans cette notice. C’est au corps
des Ingénieurs de France, et particulièrement à M. Mougel qu’est due l’idée du barrage
égyptien. En 1843 Méhémet-pacha d’Egypte, admit de construire un barrage de 1500
mètres de développement à la pointe méridionale du Delta, au point du Nil où il se divise
en deux fleuves.
Ou attribue aussi cette idée à Napoléon Ier. Le but est de fertiliser deux millions de feldans
d'une terre rendue complètement improductive par la sécheresse. Le feldan avant une
valeur de 42 ares, c’est donc une étendue de 84 millions d'ares qu’il s’agissait de procurer
à la production. Pour une telle étendue on peut bien faire de grands sacrifices et les 20
millions de francs, auxquels on évaluait la dépense, ne devaient pas trop effrayer les
Égyptiens.
Le contraire arriva.
Toute l’Egypte fut adversaire de ce projet et ce fut au courage de Méhémet-Ali,
alors âgé de 80 ans cependant, qu'on doit cet énorme travail d’art. Cette opposition ne doit
cependant surprendre personne; n’a-t-on pas, en effet, repoussé avec une énergie
incroyable l’usage de la houille, sans laquelle nous ne saurions plus vivre et n’avons-nous
pas eu, ici même, en Belgique, des hommes d’Etat importants qui se sont refusé à
l’établissement des chemins de fer dans le pays
21,000 Ouvriers, aidés par 22 machines à vapeur, se chargèrent de mener à bon terme
les travaux. En 1850 les trois quarts étaient terminés. Les difficultés étaient grandes
cependant, la nature du terrain se prêtait mal à un tel travail. La mort du pacha vint arrêter
cette œuvre. Son successeur Abbas ne voulut plus entendre parler du barrage.
Saïd-Pacha, qui régna après, se décida à continuer le travail, mais il le lit avec une grande
insouciance.
Ces travaux ne doivent pas seulement fertiliser le pays, ils doivent encore procurer de
l’eau aux deux villes capitales, Le Caire et Alexandrie, et rendre navigables les deux
branches du Nil qui ne le sont qu’une partie de l’année.
Méhémet-Ali, Pacha
barrage du nil