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Pour de telles personnes, la liberté n’est rien d’autre qu’une idole
LA MAIN CACHEE vide, sans contenu. Elles ont perdu le contact avec le trésor de la « L’Amérique n’est pas seulement une nation, mais une
nation fourmillante de nations »
véritable liberté, soigneusement dissimulée, qui aurait pu
transformer cette idole creuse en idéal tangible.
(Walt Whitman)
• • •

Lorsque les Juifs quittèrent Mitsraïm (le pays d’Égypte), ils
passèrent à travers le Pi Ha’Hérout « la Porte [litt : la bouche] de la 3 Août 1492. Trois navires en bois peint, le Nina, le Pinta et le
Santa Maria sont amarrés au port espagnol de Palos, et oscillent au
Liberté ». Cet endroit, nous explique Rachi (Chemot, 14 :2), était rythme des vaguelettes scintillantes. Christophe Colomb se tient
ainsi nommé, parce que les esclaves qui réussissaient à l’atteindre au gouvernail du plus grand navire, le Santa Maria, long de vingt-
en franchissant l’amoncellement d’obstacles disposés par les cinq mètres. Ses marins craignant de tomber du pont ou d’être
Égyptiens pouvaient se considérer comme libres. La Statue de la avalés par des serpents de mer, attendent anxieusement le signal du
Liberté a certainement eu un effet similaire sur les Juifs ayant capitaine. Finalement, Christophe Colomb lance l’ordre : les trois
échappé aux persécutions de la Russie Tsariste. Elle représentait bateaux lèvent l’ancre et larguent les amarres. La grand-voile
pour eux une porte au-delà de laquelle ils pouvaient enfin se sentir claquant au vent, ils se dirigent vers la mer pour se frayer un
réellement libres.
nouveau passage vers l’Est. Point de départ en fanfare ni de
Symbolique plus frappante encore, le Pi Ha’Hérout se trouvait drapeaux fièrement levés. Personne ne se doute à quel point ce
face à la dernière idole égyptienne, Baal Ts’fon. Sous le Temple de voyage sera historique.
Baal Ts’fon, nous enseigne le Midrach, étaient cachés (« tsafoun » Nul ne prête attention à Christophe Colomb, d’une part parce
signifie « caché ») d’immenses trésors dissimulés plusieurs siècles que le caractère historique du moment passe totalement inaperçu,
auparavant par Yossef. En apparence, Baal Tsfon n’était rien de mais également parce que sa flotte minuscule n’est composée que
plus qu’une idole. Dans ses soubassements, cependant, se trouvait de trois bateaux et se perd parmi les innombrables embarcations
un trésor.
tentant de sortir du port ce jour-là. Il faut dire que le lendemain
Il en est de même pour la liberté, qui a plus d’un titre, représente même, le 2 août, correspond à l’ultimatum fixé par le Décret Royal
le dernier idéal tangible de la civilisation occidentale. En apparence, pour que les Juifs quittent l’Espagne sous peine d’être tués. Le
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à l’image de la statue colossale du port de New York, la liberté est Nina, le Pinta et le Santa Maria doivent donc se frayer un passage
une idole creuse. Ce n’est que lorsqu’on la sonde en profondeur que à travers un embouteillage de navires surchargés de réfugiés juifs Idolâtrie, indépendance et liberté
l’idole devient un idéal riche de contenu. en guenilles. Christophe Colomb mentionne d’ailleurs dans son

• • • carnet de bord le retard dû au grand nombre de bateaux évacuant
les Juifs.
L’indépendance et la liberté ne sont pas des termes Les livres d’histoire évoquent rarement ce détail. Et s’ils le font,
interchangeables. L’indépendance supprime les entraves et les la fuite des Juifs d’Espagne et la découverte de l’Amérique sont

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