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308   La joie du Chabbat
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 de pain qui devait lui durer deux jours. Il possédait également un
 lorsqu’il était en isolement carcéral. Il n’avait qu’une seule portion
 Des  années  plus  tard,  il  se  souvint  d’un  Chabbat  de  1978,
 conditions inhumaines régnant dans les cellules disciplinaires.
 mois. Nombreux sont ceux qui furent incapables de résister aux
 incarcéré en Sibérie et torturé par le KGB pendant dix ans et sept
 Yossef Mendelowitz était refuznik en Russie Soviétique. Il fut
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 (Menou’hat HaNéfech, p. 12)
 bonnes heures de préparation, chaque veille de Chabbat.»
 différente pendant les étés belges, lorsqu’il disposait de dix-huit
 Chabbat avant le coucher du soleil. La situation était radicalement
 car la nuit tombait si vite qu’il avait à peine le temps de préparer
 cette  mitsva.  Les  courtes  journées  d’hiver  lui  étaient  pénibles,
 lui : « Mon beau-père ressentait un profond enthousiasme pour
 les préparatifs de Chabbat. Son gendre Rav Yankélé disait de
 de  vérifier  si  le  ciel  était  suffisamment  clair  pour  commencer
                                    (Li’hiot Al Saf HaOchér)
 Tous les vendredis matins, Rav Itzikel ouvrait ses rideaux, afin
                                                                          donnant du courage. »
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                                                                          sentais que rien dans ce monde ne pouvait me menacer. Je
 et Yom Tov. (ibid)
                                                                          tel  stoïcisme  des  conditions  aussi  terribles,  il  répondit  :  «  Je
 coutume d’entonner des mélodies entraînantes pendant Chabbat
 il devait satisfaire leur demande. C’est ainsi que fut instaurée la
                                                                        Lorsqu’on lui demanda comment il avait pu endurer avec un
 que si le chant procurait à ses élèves une élévation spirituelle,
                                                                          l’élévation spirituelle.
 Il discuta de ce point avec Rav ‘Haïm Brisker. Ce dernier lui assura
                                                                          maigres préparatifs achevés, il accueillit le Chabbat dans la joie et
                                                                          en guise de «  mappa  » pour recouvrir son pain. Une fois ses
 telle activité était appropriée dans le cadre de la yéchiva.
                                                                          en deux, en utilisa une partie pour se couvrir la tête, et l’autre
 Yom Tov. Il hésita à accepter leur requête, ne sachant pas si une
 demandèrent s’il voulait chanter avec eux pendant Chabbat et
                                                                          en le dissimulant entre les plis de sa chemise. Il déchira ce linge
                                                                          petit tissu blanc qu’il avait introduit clandestinement en prison,
 Lorsque Rav Baroukh Ber devint Roch Yéchiva, ses disciples lui
 Déprimé, le ‘hassid repartit dans sa ville natale, en se demandant   nous réjouissons d’être les enfants de Hachem, Il se sent empli                       Il dormit là pendant plusieurs heures, jusqu’à ce que le chant de   Le ‘hassid fit don du reste de la somme à l’aubergiste pour qu’il   À ce moment-là, le pauvre ‘hassid sentit ses jambes
 ce qu’il avait bien pu faire pour que le ‘Hozé le rejette avec une   d’amour à notre égard et n’aspire qu’à nous bénir.
 telle dureté. En chemin, il fit halte dans une auberge pour y passer
 la nuit. Il y rencontra un groupe de ‘hassidim en route pour Lublin,
 et il leur raconta son expérience malheureuse.
 Au bout d’une heure ou deux, les ‘hassidim se mirent à danser,   Source d’inspiration
 en entraînant dans leur ronde notre homme découragé. Ils
                   À Roch HaChana, nous sommes jugés en tant que fils ou
 tournèrent et virevoltèrent, en chantant de joyeuses louanges à
                 en tant que serviteurs. Hachem examine nos actions pour
 l’intention du Créateur, tant et si bien que progressivement, la                                                              58
                 déterminer si nous L’avons servi comme des fils, avec joie, ou
 morosité du ‘hassid se transforma en joie.
                 comme des serviteurs, dans un esprit de contrainte.
 Au plus fort de leur sim’ha, les ‘hassidim l’exhortèrent : « Revenez                                       Prenez le temps de
 donc avec nous chez le Rav ! »                           (Netivot Chalom)
                                                                                                      profiter de l’existence
 Porté par l’enthousiasme, il décida de tenter sa chance à
 nouveau. Il se joignit à ses compagnons et retourna à Lublin.                                            a complexité croissante de la  vie moderne génère  une
 Lorsqu’il entra dans le bureau du ‘Hozé, il constata avec   Concentrez-vous  sur  les  aspects  positifs  de  l’existence.  Cet   L tension constante. Nous essayons à tout prix de faire le plus
 surprise que ce dernier était ravi de le voir. Le Tsadik l’étreignit   état d’esprit intensifiera votre joie, et ce bien-être renouvelé vous   d’activités possible en un minimum de temps. Or, notre
 chaleureusement et lui déclara : « Un Rav ne peut accomplir les   poussera vers de nouveaux objectifs. Le bonheur étant contagieux,   tristesse est souvent due à notre incapacité de faire une pause
 miracles que ses ‘hassidim obtiennent par la sim’ha ! »  votre  enthousiasme  finira  par  gagner  votre  entourage.  Soyez   pour profiter de l’existence. Comment saisir, dans ces conditions,
 Voyant que le ‘hassid était déconcerté, le ‘Hozé lui expliqua :   heureux et souriez : vous ne regretterez pas le résultat !  toutes les opportunités de bonheur qui nous entourent ?
 « Lorsque vous êtes venu me voir la première fois, j’ai vu que le
                  Un ‘hassid se rendit à Lublin pour passer Roch HaChana et Yom                      Débordés de sollicitations et pris par le temps, nous sommes
 Ciel avait décrété votre mort prochaine. C’est pourquoi je vous
                Kippour avec le ‘Hozé. Sitôt arrivé, il se dirigea tout droit vers le              prisonniers de trop d’exigences contradictoires, et ne savons plus
 ai renvoyé chez vous. Mais votre joie a réussi à faire annuler ce
                bureau du Rav pour le saluer.                                                      apprécier le moment présent. La tension nerveuse et notre rythme
 funeste décret ! »
                  Or,  dès  qu’il  entra,  le  ‘Hozé  lui  ordonna  de  retourner                  survolté nous empêchent de profiter de notre famille et de notre
 Même lorsqu’une décision Céleste est défavorable, il est
                immédiatement chez lui. Consterné, le ‘hassid espérait avoir mal                   entourage. Nos emplois du temps surchargés, souvent davantage
 possible de la transformer en bienfaits et en bénédiction par le
                compris l’injonction du Rav. Il attendit une journée et se représenta              par habitude que par nécessité, font barrage à tout effort
 pouvoir de la sim’ha.
                chez le ‘Hozé le lendemain.                                                        d’introspection, sabotent nos tentatives de progrès personnels, et
                                                                                                   entravent notre désir d’améliorer nos relations avec les autres.
                  « Comment ? Vous êtes toujours là ? s’exclama le Rav. Je pensais
                vous avoir dit de rentrer chez vous ! »                                              Au milieu de cette course effrénée, tâchons donc de nous
 SIM'HA    317  320   Le pouvoir de la joie  316   Le pouvoir de la joie  (Sipouré ‘Hassidim, Parachat Chemini)   #  Pendant  que  je  m’imprégnais  des  paroles  de  Rav  Its’hak,  il   Voilà pourquoi je me suis précipité dehors à la vue du cortège   trois règles de vie, pouvait également être acquis par la joie !  précisa un dernier point :




                        SIM'HA    313











































 somme, mais à la fin, il y parvenait toujours.

 téléphone étaient parfois nécessaires pour rassembler toute la
 10
 fournir de nombreux efforts, et des dizaines de coups de
 de dire, je sais que je mériterai l’aide du Ciel. » Il devait certes
 « Si je commence la journée en étant content, avait-il l’habitude

 de lui déposer une grande somme d’argent.
 Cha’harit, ou bien lui téléphonait pour lui proposer spontanément
 Systématiquement, quelqu’un venait le voir à la synagogue après
 d’un  éventuel  imprévu,  Rav  Myski  restait  confiant  et  souriant.
 bien à des banques qu’à des particuliers. Au lieu de s’inquiéter
 Certains jours, il devait rembourser deux cent mille dollars, aussi
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