Page 50 - Fondamentaux Cned
P. 50
Le texte ironique se distingue donc du texte argumentatif : dans l’argumentation, l’émetteur cherche
à convaincre du bien-fondé de sa thèse un récepteur qu’il suppose ne pas adhérer à cette thèse : quand
il cite la thèse, d’un autre, c’est en la distinguant de la sienne et en argumentant pour la réfuter. Dans
l’ironie, l’émetteur feint de ne pas chercher à convaincre son récepteur, il établit au contraire une relation
de connivence avec lui, et un récepteur qui n’entre pas dans le jeu de cette connivence risque d’attribuer à
l’émetteur l’opinion dont celui-ci se moque.
L’ironie peut ainsi passer par l’emprunt au discours de celui que l’on veut rendre absurde, odieux ou
ridicule : celui qui ironise parle alors, en partie, avec les mots ou les tournures de phrases de sa victime,
il lui « vole « son discours.
Dans ce type d’énoncé, plusieurs voix différentes peuvent se faire entendre par la bouche de l’auteur ou
du narrateur et entrer dans des relations parfois difficiles à démêler.
En résumé
Pour analyser un texte ironique, on doit donc identifier :
→ les marques du discours valorisant (celui de l’autre) et, éventuellement, celles du discours
dévalorisant (celui de l’auteur) ;
→ la cible visée : à qui attribuer le discours apparemment valorisé mais qu’en fait le texte dévalorise ?
En d’autres termes : quel est l’autre visé par le texte ?
→ les intentions de l’auteur et les raisons pour lesquelles il dévalorise le discours de l’autre.
→ On doit savoir parfois se limiter à des hypothèses...
CNED – SECONDE – FRANÇAIS 49